Annoncé depuis quelques années déjà, le grand retour discographique de Cher s'est finalement fait la semaine dernière, avec la sortie dans les bacs de son nouvel album, Closer to the truth, sur lequel elle travaille depuis plusieurs années déjà, même si les sessions studios se sont apparemment précipitées en 2012. Un temps annoncé comme un album country, ce nouvel album reprend là où s'était arrêté en 2001 la toujours belle (67 printemps avoués au compteur, mais de multiples coups de bistouri qui lui permettent de s'afficher en nymphette blonde et deshabillé translucide sur la pochette décriée).
Au programme, 14 chansons pour la version deluxe, 15+2 remixes du premier single dans la version digipack deluxe française que je me suis offerte, qui sonnent comme si ce Closer to the truth suivait de quelques années à peine le précédent album studio, Living Proof de 2001. Aux manettes, le maître d'oeuvre principal du son dance/pop qui avait signé le retour gagnant de Cher en 1998 avec le tube Believe et l'album du même nom, j'ai nommé Mark Taylor, et qui avait déjà continué leur collaboration sur l'album suivant.
L'album démarre avec le premier single, Woman's world, et sa rythmique hypnotisante inspirée de la dance des années 90, et si la voix de Cher sonne toujours au top, avec sa tonalité grave et chaude qui nous fait fondre sur place, l'ambiance générale de ce premier extrait est très revival, comme si le producteur principal, Paul Oakenfold, avait voulu par là rendre hommage au passé dansant de la diva sans âge, tout en apportant un hymne féministe à son répertoire qui semble fait écho à la reprise qu'elle avait faite du It's a man's world de James Brown sur son album du même nom en 1995. Malgré ce côté rétro, Woman's World est une pure bombe de dancefloor et possède un refrain bien entêtant et enlevé qui ressort bien face au côté plus dark des couplets. Malgré cela, à parts dans les charts club, il n'a pas brillé dans les charts pop internationaux, pas plus qu'à la radio, et le single du grand retour annoncé semble avoir râté sa cible. Il est vrai qu'à part son public de fans fidèles, je ne vois pas trop qui dans la génération actuelle pouvait se laisser séduire par ce single comme sorti d'un trou spatio-temporel...
2/ Take it like a Man 4:10
Et ce n'est pas le titre suivant, co-écrit avec avec Tim Powell, ancien de l'équipe Xenomania qui avait écrit Believe, et produit par le sieur susnommé avec Mark Taylor de l'équipe METRO, qui va me faire changer d'avis. C'est comme si ce Take it like a Man, sur lequel les choeurs très effacés par rapport à la voix de la diva appartiennent à l'ancien leader des Scissor Sisters, Jake Shears (qui a dû crémé ses dessous en lycra quand il a appris que Cher le voulait sur son nouvel album, sauf qu'au final, son featuring est très light), datait de l'époque, et l'on retrouve le même son ultra tubesque dance/pop des productions METRO de l'époque, avec la voix de Cher métalisée au vocoder. N'empêche, le titre tient la route et j'en rêve en prochain single !
3/ My Love 3:31
My Love semble ralentir le tempo puisque son intro et sa douce mélodie presque sussurrée par Cher nous plonge dans une tendre torpeur amoureuse, mais la rythmique une nouvelle fois orchestrée par Mark Taylor pour cette chanson co-écrite par son compère des années METRO Paul Barry monte doucement en puissance et le titre devient très vite un nouveau joyau pop/dance au refrain enlevé et entraînante, sur des arrangements dance galopants et des nappes de synthés aériennes. La fin se calme pour retrouver les accents intimistes du début, et c'est là encore un titre très puissant qui me ravit, mais sonne toujours comme s'il avait pu figurer sur son précédent opus (de 2001...).
4/ Dressed to Kill 2:51
L'intro de Dressed to kill a des relents de chevauchée western mais dès que la voix de Cher débarque, passée à la moulinette du vocoder, on replonge dans l'atmosphère du début d'album, sauf que là, la voix est un peu trop robotisée, même pour moi ; par moment, on ne comprend même pas ce qu'elle chante... C'est une nouvelle fois Mark Taylor qui se colle à la réalisation du titre, et il est amusant de noter que lui et Cher sont crédités co-auteurs de la chanson alors que c'est en fait une reprise du britannique Samuel Preston, dont ce fut le seul essai solo en 2009 après une carrière au sein du groupe The Ordinary Boys, simplement adaptée au niveau du texte pour être chantée par une femme à la place d'un homme. La version de Cher reste dans l'esprit de l'original, enervé et rock rebel, mais bien saupoudrée de paillettes électroniques disco/dance. Est-il besoin de l'avouer, j'adore encore une fois ! Vu que Cher a appelé sa tournée future "The Dressed to Kill Tour", il semble bien que la chanteuse ait elle aussi craqué pour ce titre et qu'il pourrait bien supporter l'album en tant que single...
5/ Red 3:06
"All I see is Red now..." s'époumone notre diva de sa belle voix grave dès l'intro de ce nouveau titre dansant, façon GirlPower, et c'est presque avec surprise que je découvrais dans le livret que ce n'était pas une production de plus pour Mark Taylor, mais un titre du suédois Carl Ryden réalisé par Josh Crosby, avec quelques aides additionelles de la même équipe qui a post-produit le premier single. Très bon titre, puissant et rythmé, où la voix de Cher prouve qu'elle n'a pas besoin de manipulations de studio pour toujours emporter l'auditeur avec elle.
6/ Lovers Forever 4:01
Mark Taylor est de retour aux manettes de Lovers forever, un titre co-écrit en 1994 par Cher avec Shirley Eikhard pour le film Interview with the Vampire, mais qui est resté dans les cartons jusqu'aux sessions d'enregistrements de Closer to the truth. Bonne envolée vocale sur le refrain, soutenu d'arrangements plus rock, sans quitter pour autant l'électronique dance/pop et les effets métalliques sur la voix. Je lui vois cependant moins de potentiel radiophonique que ses prédécesseurs, d'autant que sa mélodie sonne un peu vieillotte, mais j'aime encore une fois...
7/ I walk Alone 3:23
Guitare ambiance New Orleans pour l'intro du titre suivant, marquant la deuxième partie de l'album, dans sa version courte en tout cas. Et l'on oublie un peu l'inspiration dance des années 90/2000 pour se replonger dans la décade précédente où Cher était revenu dans les charts avec du bon pop/rock efficace avec Michael Bolton, Diane Warren et Desmond Child. C'est ici Billy Mann qui réalise le gros son pop/rock teinté d'électro d'aujourd'hui, et la chanteuse P!nk qui a co-écrit I walk alone et offre sa voix dans les choeurs. Bonne rythmique, bonne puissance et toujours la délicate guitare qui affronte la puissance vocale de la chanteuse ; c'est un changement d'atmosphère mais j'aime tout autant ! C'est vrai que la voix de cher se marrie bien à ce son pop/rock américain et je miserai bien dessus en single possible...
8/ Sirens 5:03
Retour de Mark Taylor à la production mais Sirens s'éloigne plus encore du territoire habituel du producteur puisque cette reprise de la chanteuse folk américaine Nell Bryden est une mélancolique ballade qui prend un peu plus d'ampleur mélodique avec son refrain mais reste un plaisant mid-tempo, et premier moment de calme plénitude sur ce CD. Des arrangements classiques soft rock accompagnent à merveille al voix de Cher avant qu'une guitare électrique n'intensifie un peu le pont aux deux tiers du morceau, qui reste une bonne surprise malgré ce décalage par rapports à mes préférences habituelles.
9/ Favorite Scars 4:25
Favorite Scars, bien qu'écrite et produite par les londoniens plus habitués au pop/R&B du collectif TMS et le pourvoyeur de tubes Wayne Hector, reste dans cette ambiance pop teintée de rock et c'est encore une fois une réussite, et un single potentiel. La rythmique, très appuyée et quasi militaire, porte le morceau et le refrain accrocheur où la voix de Cher, enregistrée, elle, par son complice Mark Taylor, incarne à la perfection la power-pop du titre. J'aime toujours ! Rien à dire et pas un faux pas dans cet album jusqu'ici...
Et c'est une nouvelle fois Mark Taylor qui s'y colle pour adapter pop/rock une chanson déjà utilisée par le passé pour Cher, et cette fois, c'est la jeune Miley Cyrus qui avait chanté la première le mid-tempo un peu fade qu'est I hope You find it, co-écrit par Steve Robson, à l'origine pour la bande originale du film The Last Song où la jeune chanteuse partageait la vedette avec Liam Hemsworth. Ce titre n'avait pas été choisi en single et il semble bizarre que Cher se la soit ainsi appropriée, d'autant qu'elle a vivement réagi aux récentes prestations de Miley Cyrus qu'elle ne semble pas porter aux nues... Est-ce à dire que cette chanson presque country lui était destinée au départ, peut-être pour son album country, et qu'elle l'a gardé malgré tout ? Elle y semble attachée puisque c'est le deuxième titre qu'elle a choisi pour reprensenter l'album en radio ; pourtant, il est loin d'en être représentatif... En tout cas, cette ballade mélancolique devrait lui ouvrir les portes des radios et du public américain de base et faire parler d'elle en tout cas. C'est quant à moi le premier titre que j'aime nettement moins dans l'album ! C'est du sous Diane Warren...
11/ Lie to Me 3:18
Dernier titre de l'édition standard de l'album, Lie to me est le deuxième titre réalisé par Billy Mann et co-écrit avec P!nk, et l'on reste dans l'atmosphère du titre précédent : mid-tempo un peu mélancolique et presque country, sauf que le refrain est un peu plus mordant ou moins bateau que son prédécesseur. Heureusement cependant que je me suis autorisé la version deluxe qui rallonge la sauce, parce que l'album se serait mal fini -et trop vite- sur ces deux titres plus mous du genou.
Et la transition d'avec le titre précédent est inexistante, I don't have to sleep to dream démarrant sur les chapeaux de roues avec une boîte à rythme rétro qui nous ramène direct au début des années 90 ! On a l'impression que Timbaland (puisque c'est le producteur star qui se cache, avec Bonnie McKee entre autres, derrière le morceau) a pompé les samples des Brothers in Rhythm pour enjoliver ce bon morceau au refrain efficace et très porteur. Le son finalement daté et cheap de cette rythmique finalement dessert presque le morceau qui, remixé plus électro, aurait facilement pu figurer sur les albums des autres divas sortant leurs albums à la rentrée, Britney, Katy Perry ou Lady Gaga, pour ne pas les nommer... Mais il m'en faudrait plus pour gâcher mon plaisir, et même le loop ascensionnel qui ferme le morceau ne m'empêchera pas de l'écouter en boucle :).
13/ Pride 4:17
Et comme si les titres bonus de son édition deluxe s'adressait à une partie de sa fanbase fidèle et aimant leur Cher en diva du dancefloor, le titre suivant, Pride, sonne comme un hymne destiné à rallier sous la bannière multicolore tout son public. Ecrit par la même équipe que Red mais produit par Carl Ryden cette fois-ci, son Pride possède la même puissance fédératrice dans son refrain et je pense que le titre devrait bien rassembler les mains en l'air dans les concerts :) ! Ce serait dommage de se priver des bonus en achetant la version 11 titres pour un ou deux euros de plus...
14/ You haven't seen the Last of Me 3:33
D'autant que le troisième bonus est la version originale produite par Matt Serletic et Mark Taylor de la ballade You haven't seen the last of me, sortie à l'origine en 2010 sur la BO du film Burlesque où Cher partageait la vedette avec Christina Aguilera, bien que cette dernière occupe presque l'intégralité de la bande son. Annoncée dans l'équipe travaillant sur l'album, la canadienne multi-awardisée Diane Warren n'occupe finalement que les crédits d'auteure/compositrice de cette chanson (mais quelle chanson !) et c'est quand même dommage que Cher n'ait pas enregistré d'autres nouveaux titres de cette reine de la ballade avec qui elle travaillait déjà à la fin des années 80, célèbre pour ses tubes Un-break my heart, Because you loved me et tant d'autres. J'aurais aussi adoré que le remix des anglais d'Almighty figure dans les bonus mais il est vrai que le single a déjà 3 ans d'âge... sauf qu'il n'a pas pris une ride et reste l'une des plus belles ballades de Cher.
A l'édition deluxe française et des magasins Target américains s'ajoutent ensuite deux remixes de Woman's World, un seul aurait suffi si vous voulez mon avis, Jodie Harsh réussissant à améliorer la production originelle du morceau pour mettre le titre encore plus dans l'orbite discothèque, quand R3hab ne fait que se noyer et alourdit encore le titre. J'aurais préféré à sa place le duo avec Lady Gaga, The greatest Thing, qui a fuité peu avant la sortie de l'album dans une version démo pas mal du tout je trouve, mais qui ne contentait pas la jeune Lady et qui a donc demandé à son ancêtre de ne pas l'inclure à l'album... Dommage !
17/ Will you Wait for Me 3:32
Mais le réel attrait de cette version super deluxe est l'inédit qui ferme la marche, Will you wait for me, et troisième chanson co-écrite et produite par Billy Mann, sans P!nk cette fois, et si cette nouvelle ballade bien ancrée dans le country rock américain n'a pas le charme de la reprise du tube de Burlesque, elle a suffisamment d'atours pour se contenter finalement de cette ultime plage pour fermer l'écoute de ce vingt-sixième album studio de Cher, qui finalement n'a pas cherché à se ré-inventer en autre chose qu'elle-même : à la fois diva dance qui nous chante de la pop électronique sautillante et pétillante, et chanteuse plus roots, country/rock comme à ses débuts, sans que ça sorte pour autant du son Middle-of-the-road qui lui a réussi depuis qu'elle a réapparu dans les charts au milieu des années 80.
Si cet album ne risque donc pas de contenter et d'attirer de nouveaux fans et ses détracteurs, il a en tout cas tout ce qu'il faut pour faire plaisir à ceux qui possèdent déjà quelques albums de Cher, ce qui est bien mon cas. De plus, il semble musicalement filer la métaphore de l'imagerie de Cher, éternellement jeune, semblant presque incarner une déesse grecque de la musique. Et si l'on oublie son nez un peu trop rectiligne de profil, il faut bien avouer que son visage actuel est plus réussi que celui de l'autre diva ménopausée de la Pop internationale, Madonna. Et là où cette dernière s'est vautrée en cherchant le son du moment à chaque album, Cher reste rectiligne, inchangée dans sa musique comme dans ses apparitions sur papier glacé, les pommettes hautes, les lèvres charnues, la perruque toujours sexy... à part peut-être celle en papier du clip de Woman's World mais elle avait au moins l'attrait de se faire remarquer et de générer du buzz autour du single :).
Super critique de l'album de Cher ! Bravo ! Je pense presque comme vous ;)
RépondreSupprimerJe ne suis pas fan de Cher mais il y a quelques anciens titres d'elle que j'aime beaucoup comme Dov'e L'amore ou Believe.
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