lundi 25 août 2008

Quentin Mosimann : Duel entre Swing & Electro

Lorsque Quentin avait remporté la septième édition de la Star Academy l'année dernière, m'ayant épaté par ses reprises electro funky et ses ballades jazzy, j'avais formulé des souhaits quant à ses débuts de carrière. Universal Music France serait-elle lectrice de mon blog ou devrais-je simplement devenir directeur artistique pour le compte de M. Nègre, après tout j'ai une certaine culture musicale couvrant 3 décennies malgré mon -encore- jeune âge ? LOL.
Toujours est-il qu'au lieu de sortir un album de reprises electros puis de le ressortir avec un disque bonus des versions accoustiques, ils ont fait l'inverse mais d'un coup ; je m'explique.

Sur son album Duel, Quentin (Mosimann, donc) signe un double CD reprenant, sur son premier volume intitulé Swing, 11 reprises de chansons (françaises pour la plupart) des années 80, et sur le second, intitulé Electro, 8 remixes de certaines de ces chansons. Le tout au prix d'ami de 15€, avec en prime deux chansons "perso" de Mister Quentin et peu de chance de se faire arnaquer donc d'une ré-édition avec bonus inédits stickées sur têtes de gondoles pour Noël.
L'album (Swing donc) démarre par une reprise feutrée mais sexy/funky du tube rigolo de Léopold Nord & Nous C'est l'amour. On comprends vite que Quentin est bien entouré, et ses titres bien habillés, d'un jazz-band très présent. On est loin, très loin d'une variété grand public aux sonorités formatées NRJ/RTL. On enchaîne par le premier single, Cherchez le garçon, le tube très eighties de Taxi Girl (déjà repris en 2004 par un autre vainqueur de french télé-réalité musicale, Nicolas, ex-Whatfor, flopgroup made in Popstars 2 M6, depuis reconverti sur les planches). Il synthétise parfaitement l'ambiance de ce premier CD : swing, jazzy, énergique mais suave et grand public. Les puristes renieront sans doute ce deejay crooner et les chansons choisies mais moi, J'ADORE!
Suivent L'aventurier d'Indochine, C'est la ouate de Caroline Loeb, Etienne, de Guesh Patti, et autres incontournables de nos jeunes années. C'est la ouate est totalement, irresistiblement, impérativement, le single suivant. Frais, rythmé, interprété avec humour et sentant bon le live, appelant le jeu du chanteur au micro avec son public, ce titre ne peut que le voir se ré-approprier le plateau de TF1 à la rentrée avec la promo obligatoire mais c'est sur scène en tournée que Quentin devrait se révéler sur ce titre. Etienne, aux paroles du coup très équivoques interprétés par un homme, est bien fédérateur aussi.
Le titre suivant, Petit avec des grandes oreilles, me plait beaucoup moins, mais c'est plus parce que je n'ai jamais accroché à cette chanson plutôt qu'à cause de l'interprétation, encore que sur le texte très rythmé au débit quasi scat, on sent Quentin un peu débordé. Le milieu du CD me laisse vraiment dubitatif car la plage suivante, un titre en italien de Richard Cocciante se la joue total latin crooner et me laisse sur la rive, la gondole emportée aux loin, les amarres arrachées. C'est pas ma cam'!
Heureusement, le tout en muscles Cargo arrive avec comme pour C'est la ouate, quelques choeurs masculins un rien désuet mais qui n'en épaulent que mieux l'interprète principal. Et comme on dit qu'une bonne chanson reste une bonne chanson quelques soient les arrangements, ceux du Mosimann jazzband ne sont pas pris en défaut. "Single" tinte encore à mon oreille et sur le sticker de la pochette qui décline "inclus : Cherchez le garçon / Cargo / C'est la ouate / Such a shame..." Et on enchaîne justement avec le tube de Talk Talk. De qui? me direz-vous et je vous dirais écoutez, vous reconnaîtrez... même dans le nouvel écrin très Swingin' London.
On revient au français pour une chanson de Fraiincissssssssss Cabrel, Je l'aime à mourir, décidément, le pauvre, après la reprise d'Alliage, maintenant, la Star Ac', il ne doit pas être super fan, encore que dans cette version, il n'ait pas à rougir. Quentin et ses musicos non plus, même si cette chanson restera pour moi, quelque soit sa version, une scie abominable, juste bonne pour la ménagère de plus de quarante cinq ans ...Ma mère adore!
Enfin, pour finir les reprises, et loin de l"essai manqué de Leslie, Quentin s'approprie la Mise au point de Jakie Quartz. En fan INCONDITIONNEL de la belle bretonne, j'étais sceptique et l'intro ne me laissais pas espérer trop. Quentin se la démarre évidemment en voix parlée sur fond de piano jazz-bar égrénant les notes derrière lui mais il m'a été difficile de croire à son interprétation collée à lui comme une seconde peau, comme un dernier souffle, de ces paroles si imprégnées de son interprète originale. le refrain, chanté, puis le second couplet, mieux approprié, m'ont recollé au morceau et m'ont fait pensé qu'après tout, il s'en sortait pas mal. Après tout, PERSONNE ne pourra faire jamais mieux que Jakie Quartz. Il a essayé mais ne s'est pas planté.
Le CD numéro 1 se termine avec en bonus LE chef d'oeuvre de l'album, Il y a je t'aime et je t'aime, une chanson acoustique piano/voix écrite par Quentin et interprétée à l'époque sur le plateau de la Star Ac' et révélée sur son player MySpace. Cette chanson est un bijou de fragilité, d'humanité, de beauté, interprété avec justesse. Il me vient en point de comparaison le Lucie de Pascal Obispo : un titre fort et grand public dont les paroles scotchent l'auditeur, dont la mélodie soutenue seul d'un piano emmène le morceau vers une "chair de peau" si rare maintenant. IL FAUT QU'ELLE SORTE EN SINGLE!!! Tube de l'été 2009, quart d'heure américain des années 2000, bande musicale de la prochaine St Valentin... Je ne sais comment la marketer mais il faut qu'elle sorte de ce statut de chanson bonus pour devenir single leader et comme c'est la seule qui rapportera des royalties d'auteur (ou compositeur?) à M. Mosimann, il sera d'accord, bien sûr.
Le deuxième CD embraye sur les chapeaux de roue avec le remix phare et electro du single Cherchez le garçon. L'ambiance est mise et à l'image de la pochette de l'album, on passe du costume/cravate noir et blanc au T-short moulant et choré tektonik. Fred Rister a épaulé Quentin le DJ pour remixer sa reprise jazzy et inutile de dire que toute trace du jazzband a été effacée totalement. Et autant je l'avais apprécié dans sa première partie, autant je ne le regrette pas dans ce deuxième acte. C'est du pur bon son! Et c'est le premier tube radio de l'album!
Quentin enchaîne avec Such a shame, dans sa version probablement radiophonique. Là encore, on retrouve remis à la sauce elektro2008 le tube anthémique de Talk Talk. Un peu trop de sonorités bip-bip pour en faire un joyau comme la plage précédente mais un bel essai néanmoins.
C'est la ouate, version clap-dance disco house, renfonce le clou et c'est donc dans ses deux versions que ce titre là devrait devenir le single N°2. Très entrainant, ce remix garde en avant l'humour du texte et devrait bien rendre en club. Suit (d'un peu trop près à mon goût) un nouveau remix de Cherchez le garçon, par Tocadisco cette fois, et comme je m'attendais à un son proche de leurs collaborations passées avec David Guetta, je suis affreusement déçu. Le titre a déménagé dans un style latino samba house, aux arrangements festifs très organiques et arrivant comme un cheveu brésilien sur la soupe cold-electro... Remix réussi dans son style mais mal placé dans le tracklisting.
Vient ensuite un premier remix (réussi) de Cargo avec un bon beat, et là encore, je le sens très bien formaté pour les passages radios. Hands in the air et pouces levés, on en veut encore ! C'est l'amour, remixé electro house galopante sur fond de synthés en nappes ascentionnelles et de gimmicks voix scattée en délire contenu, nous fait passer un bon moment même si ce mix est moins commercial, car cassant le format popsong couplets/refrain du titre original. Il mio rifugio remixé avec son compère Christian Sims, ne me fait pas plus aimer le titre en italien. Je dois être allergique à Richard Cocciante. C'est même sûr :)
On finit avec un deuxième remix de Cargo et cette fois, il est nettement moins réussi que le premier, les effets sur la voix très syncopés et les sonorités tektoniks cheap façon Bontempi font qu'il est même difficile de tenir jusqu'au bout du morceau sans appuyer sur la touche
SKIP.
Du coup, je comprends et c'est mon seul regret de l'album, que tous les titres du premier CD ne sont pas présents et remixés sur le deuxième et c'est dommage ; plutôt que de nous voir servir des remixes bis (moins bons que les premiers) de ces deux titres, L'aventurier ou Etienne ou encore Mise au point auraient mérité eux aussi un petit remix.
L'album comme le deuxième CD se termine par le deuxième bonus, Holiday, un titre commercialisé avant que Quentin ne paraisse dans l'émission de TF1, sous le pseudo de John Louly en featuring de ses bidouilleurs de sons d'avant gloire, Christian Sims & John Revox, que Quentin, et c'est tout à son honneur, a invité largement sur son premier opus. Attention, ce n'est pas une reprise de Madonna mais une chanson originale, bon titre festif electro-dance dont le seul problème est que du refrain on retient en gimmick la phrase You are my sunshine quand le titre, lui, est Holiday. Pas assez pour en faire un mauvais titre donc.
Au final, que retenir?
Que pour un premier album de vainqueur d'émission de télé-réalité, la part belle a été laissée à l'artiste, dans ses choix artistiques comme pour ses collaborations. L'exemple du succès de Christophe Willem a du servir Quentin vis à vis de sa maison de disque, sûrement prête à tout essayer pour éviter de reproduire le double fiasco de Magalie Vaé / Cyril Cinélu...
Que c'est un bel album aussi. Misant sur qualité, diversité, comme quantité ainsi qu'esthétisme (les photos comme le livret sont magnifiques!), il y en a pour tous les goûts. Un ami à moi à qui j'en parlais après quelques écoutes se demandais à qui Universal allait bien pouvoir le vendre...
A moi, d'abord (j'ai acheté mon album aujourd'hui en même temps que le dernier Mylène), puis à tous ces autres "jeun's" qui ont aimé Quentin période Star Ac' chantant sur fond de David Guetta ou remettant aux sons d'aujourd'hui les tubes des années 70's/80's. A ceux aussi qui l'ont aimé en duo avec Peter Cincotti, acoustique piano/voix, mélant fragilité et émotion dans sa voix parfaitement calculée (c'est aussi ce qui lui avait été reproché mais il sonne totalement juste dans Il y a je t'aime et je t'aime) et qui ont acheté les derniers albums de Paul Anka où il reprenait façon swingin' jazz des tubes pop/rock internationaux.
Tous ces gens-là, ça peut peut-être faire plus de monde que ceux qui ont acheté la soupe funky-pop de Cyril l'année dernière, non?
Ne vous moquez pas, j'en étais et j'ai écouté l'album 3 fois... Il avait pourtant une bien belle voix -Il ne reste plus qu'à le ré-inventer en diva disco-house style Sylvester 2009 ou Byron Stingily/Leee John grand public. Camp & Glam!!!)

Pour Quentin, je ne me fais pas trop de souci. La Star Ac' démarre bientôt, il va étoffer sa promo de quelques prime-times sur TF1. Cargo inondera les sound-systems de nos boîtes en provinces, C'est la ouate les ondes des radios généralistes "adultes", une tournée dans des salles intimistes avec son jazzband et en discothèques avec ses remixes, et HOP! il pourra embrayer sur un deuxième album plus personnel encore, au niveau des titres cette fois, car pour le style, nul doute qu'il s'est éclaté à l'enregistrer son disque .
Garçon! Vous pouvez me resservir la même chose s'il vous plait? Merci.

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