jeudi 22 janvier 2015

YSEULT, premier album francophone de 2015 et peut-être bien le meilleur de l'année...

On aura attendu longtemps la sortie de l'album éponyme d'Yseult Onguenet, la jeune artiste issue -mais pas gagnante- de la saison 2014 de la Nouvelle Star sur W9. Bien que son premier extrait La vague soit sorti avant l'été l'année dernière, sa maison de disques a repoussé plusieurs fois la sortie de son album pour lui éviter de passer inaperçu dans la masse des sorties d'avant Noël d'artistes confirmés. Finalement  premier CD sorti en 2015 que j'ai acheté lors de mon weekend à Paris, Yseult est bien parti pour figurer dans mon Top albums de l'année d'ici 12 mois.
Je ne sais pas encore qui doit nous sortir quoi cette année mais l'album d'Yseult est tellement génial qu'il place déjà la barre très haut pour le surpasser, sauf sur un point ...sa durée ! Avec 10 titres dans sa version CD, il dure moins de 30' ! J'ai acheté des CDmaxis qui duraient plus longtemps ! Heureusement, en version digitale s'ajoutent sa reprise d'Azanavour qui figure sur la compile hommage sortie fin 2014 et un titre inédit. J'y ajoute quant à moi sa reprise de James Brown issue de la bande originale du biopic sorti l'année dernière ainsi que son duo avec Maurane, jurée l'année dernière de la Nouvelle Star, qui figure sur le dernier album de cette dernière.
Ecrites, à quelques exceptions près, avec Emmanuel Da Silva et Frédéric Fortuny qui ont co-réalisé l'album, les chansons d'Yseult sont de magnifiques perles musicales qui se suivent et sont plus belles les unes que les autres, parfaites petites chansons pop aux textes bien tournés, aux mélodies accrocheuses et arrangements subtilement électroniques. C'est bien simple, je l'écoute en boucle !

01/ LA VAGUE 3:04 10/10
Démarrant par un petit synthé sautillant typé disco à la Giorgio Moroder sur lequel vient se greffer une sympathique petite clochette juste avant la voix mélancolico-mystique de la belle YseultLa vague se déroule comme une agréable brise, fraîche et légère, au refrain céleste où sa voix quitte ses graves pour s'envoler gracieux voler haut et loin dans des sphères qui nous font tourner la tête et chavirer le coeur. La rythmique tourne en boucle autour de nous, nous enveloppe et nous capture autour de la chanson et l'on en peut pas en sortir, s'en séparer, l'oublier. Ça  fait plus de six mois que je ne me lasse pas de ce titre qui pourtant ne sonne pas comme un tube à la première écoute, le fait que son titre ne soit pas l'accroche du refrain n'aide pas bien sûr, mais est définitivement un grower qui s'insinue dans nos tympans et n'en sort plus J A M A I S ! :)


02/ SUMMER LOVE 3:01 10/10
Summer love se pare d'une guitare lancinante et d'une rythmique plus pêchue tout en poursuivant l'ambiance électronico-chic. Les sonorités se font cependant beaucoup plus eighties, inspirées new wave made in France/Daho. Le refrain cette fois répète sans honte le titre de la chanson mais c'est un bonheur. C'est un tube ! Rétro, ensoleillé, idéal pour sortir cet été j'espère ;).


03/ BYE BYE BYE 3:22 10/10
Mais le nouveau single se cache ensuite avec ce Bye bye bye qui démarre par un gimmick electrico/funky qui ne quitte plus la chanson jusqu'à ce que le refrain éclate et nous emmène avec lui dans sa farandole mélodique irrésistible. Sur ce titre encore la voix d'Yseult passe de grave et mélancolique à légère et aérienne. On l'avait bien vu sur W9, elle peut tout chanter, n'importe quel registre sur tous les tons, mais toujours en s'appropriant la chanson et en captivant l'auditeur / spectateur. Son album lui décline un univers pop frais et acidulé, aux arrangements sucrés mais sans friser l'overdose, qui lui va à ravir. 


04/ SANS RAISON 2:59 8/10
Sans raison calme le jeu et  se teinte de gravité avec des percus qui sonnent comme des handclaps et entourent la voix très en avant d'YseultUne nouvelle fois le titre est absent du refrain, pourtant structure maîtresse et de bonne durée du morceau, et c'est définitivement un titre d'album moins pop. Il n'en est pas moins captivant, jusqu'à sa fin, presque coupée net, comme une instant volé à l'artiste.

05/ CALIFORNIE 2:30 10/10
Nouveau single potentiel mais bien trop court avec Californie qui dès l'intro et son premier couplet nous capture au lasso et nous garde prisonnier tout du long. J'adore l'accroche du refrain où Yseult chante "Tu es mon sombre héros, ma Californie" comme si c'était "mon sombréro" et sa conclusion enjouée "du courage, du courage", mais le titre se termine vraiment comme s'il en manquait un bout, comme s'il s'agissait d'une démo inachevée. Est'ce que l'inspiration s'est tarie et qu'il a manqué un couplet ? Une simple répétition et un ou deux refrains pour arriver à 3' m'aurait suffit :). Mais je n'en écoute cette plage #5 qu'une fois supplémentaire en jouant de la touche Replay !

06/ POUR L'IMPOSSIBLE 2:32 9/10
Autre titre trop court, mais cette fois par son intro inexistante, Pour l'impossible démarre direct avec le premier couplet et enquille sur le refrain très accrocheur. Ce midtempo a lui aussi beaucoup de potentiel si la face sombre de l'album voulait être exploitée en promo radio.


07/ L'ORAGE 3:18 8,5/10
Le tempo se calme encore un peu plus avec l'intro timide et dépouillée de L'orage où la voix d'Yseult est à peine parée d'arrangements minimalistes jusqu'au refrain plus décoré de cordes et de claviers. Cette chanson est presque le calme avant l'orage mais son charme réside justement dans sa beauté dépouillée où la voix cisèle la mélodie et offre son texte délicat en prise direct avec notre coeur.

08/ LE PLUS BEAU DES ASTRES 3:06 9,5/10
Le plus beau des astres démarre avec un loop electrico/funky qui se duplique en écho et accompagne Yseult jusqu'au refrain, répétitif juste ce qu'il faut pour qu'il se vrille dans nos tympans, texte et mélodie rentre-dedans, et en fasse un autre single potentiel, même s'il s'offre dans un écrin moins brillant que les titres du début de CD.

09/ J'AIME QUAND TU ME MENS 3:34 10/10
Dès l'intro je tombe sous le charme de ce nouveau titre à l'inspiration synthé pop 80's pour ses arrangements. Les couplets virevoltent et se répondent de belles façons mais ce n'est rien au refrain qui s'accroche à l'oreille et nous fait chanter en choeurs. Le texte est construit autour de la phrase titre et se mémorise très facilement, en faisant une nouvelle bombe musicale qui pourrait facilement être lâchée sur les ondes radio ;).

10/ BLANCHE 2:36 9/10
De délicates notes de piano s'égrainent dans l'intro de Blanche qui voit Yseult se glisser dans la peau d'une chanteuse de ballade à texte que j'imagine dans un halo de lumière accoudée au piano d'un bar enfumé plongé dans l'ombre où écoutent religieusement les oiseaux de nuits sirotant leur cocktails. C'est un exercice de style magnifique et onirique, dans la retenue et la pudeur, mais totalement décalé par rapport au reste de l'album qui, du coup, le termine bizarrement dans sa version CD qui s'achève là.

11/ LA MAMMA 4:03 8/10
Sa version de La mamma d'Aznavour poursuit par contre parfaitement l'ambiance intimiste installée précédemment et contrairement à bon nombre de reprises de la compilation Azanavour, sa Jeunesse qui diluent la beauté des textes de ce monstre de la chanson française dans des interprétations hip-hopisantes, celle d'Yseultprend son envol peu à peu en lui étant fidèle, tout en y apportant une dimension un peu exotique, méditerranéenne, quand sa voix se fait plus mélopée et la rythmique incantatoire. C'était un exercice périlleux mais brillamment relevé ; chapeau bas Mademoiselle ! 


12/ PARIS LA HAVANE 2:48 8,5/10
Titre inédit bonus iTunes des précommandes, Paris la Havane est une compo Yseult / Frédéric Fortuny qui termine l'album officiel avec un groove funky et un refrain malicieux qui respire la joie de vivre.

[+] A PART ÊTRE (AVEC MAURANE) 4:38 10/10
Je me permets moi d'ajouter à ma version iPod le duo avec Maurane, écrit par Pierre-Yves Lebert et Jean-Christophe MaillardA part être, où leurs deux voix se mélangent parfaitement sur son rythme endiablé et son beau texte. Après le formidable single Trop forte qui a vu la belge à voix de velours revenir, j'aimerais bien voir ce duo être le second extrait de son album Ouvre. La belle Yseult profiterait bien de ce regain d'intérêt des médias et serait ainsi officiellement adoubée par son ex-jurée de la Nouvelle Star.

[+] IT'S A MAN'S MAN'S MAN'S WORLD 3:19 7/10
Ultime ajout à mon album digital, la version chantée par Yseult sur la musique du film sur James Brown de ce titre indémodable mais que j'ai toujours trouvé très lent. Pas de bouleversement ici pour une version toute entière vouée à l'émotion suscitée par le grain de voix si particulier et reconnaissable de la jeune artiste, au service de cet hymne à toutes les femmes indémodable. Les arrangements restent dans le cadre du morceau et j'avoue que c'est un peu plat pour moi, même si je ne l'imaginerais pas mieux autrement non plus. Ce titre serait tellement mieux en live, en face à face avec Yseultà se prendre son talent brut en pleine gueule ! Si elle passe à Rennes, j'y cours...


En conclusion, pas de faux pas dans cet album. Que du bon, et sans concessions je trouve. Loin des chansons pop stéréotypées de jeunes artistes issus de télécrochets télévisés formatées par les maisons de disques, on sent que le répertoire d'Yseult lui appartient, qu'elle se l'ait forgé en partenariat avec ses complices de studio et consentante. Ses chansons irradient de la joie de vivre et du plaisir de chanter de leur interprète, et nous parlent direct au coeur. La vague semble malheureusement être passée à côté des playlistes des radios grand-public et j'espère vraiment que Bye bye bye va inverser la tendance et permettre à l'album de se vendre comme des petits pains parce qu'il gagne à être connu ! Sa pochette blanche et verte ne passe pas inaperçue dans les bacs au moins, même si le vert est plutôt une couleur tabou des plateaux télé et n'avait pas porté chance au premier album d'Emmanuel Moire? dernier artiste à avoir osé se lancer en vertitude. L'imagerie déclinée en tout cas a le mérite de me faire penser à celle de Stromaé, en cela qu'elle est originale et un poil décalée, même rétro kitsch, alors je croise les doigts pour que ça lui porte chance et que 2015 la voie être élevée au rang d'icone féminine de la chanson francophone en égal de l'artiste belge.

Et juste en souvenir de ses débuts, le talent brut mais déjà si brillant entendu lors des lives de la Nouvelle Star :

















lundi 19 janvier 2015

"Life is easy" ou comment Rod Thomas fait évoluer son alias d'artiste Bright Light Bright Light


Bien que sorti en 2012, Make me believe in hopele premier album autoproduit de Rod Thomas sous son nom d'artiste Bright Light Bright Light après un bref essai sous son véritable patronyme avait mis quelques temps avant de s'imposer sur mon iPod et dans ma playlist 2013 finalement mais je n'en attendais pas moins avec impatience son successeur, d'autant que les extraits In your care et An open heart n'avaient fait que me faire plus mourir d'impatience. Lorsque Life is easy est sorti, je me suis donc acheté là encore son CD digipack pour que ma discothèque ne loupe pas une pièce maîtresse de la pop musique du nouveau millénaire et là encore, il a mis quelques mois à s'imposer, mais l'avantage avec la musique de Rod Thomas, c'est qu'une fois qu'on l'a fait sienne, elle ne veut plus nous quitter. Depuis Décembre 2014, je n'arrive pas à me sortir Bright Light x2 de l'autoradio/l'Ipod... Et ce n'est pas l'album live sorti en téléchargement à prix d'ami cette semaine qui va arranger les choses :). Je suis devenu accro ! 200% addict même. J'ai besoin de ma dose de pop/dance made in BLBL journalière...
Il faut dire que Rod sait se faire charmeur, aussi bien dans la voix, que dans ses mélodies, délicieusement pop/dance, dans ses textes, souvent positivement mélancoliques, ses arrangements, d'inspiration 80's et eurodance, mais pas seulement, et son imagerie, toujours léchée, à l'image de ses clips, magnifiques et qui paraissent avoir été réalisés avec un budget digne d'un artiste d'une major, ce qu'il n'est pourtant pas ; il est son propre manager et s'autoproduit. Ça ne l'empêche pas de faire ami-ami avec du beau linge, sensible au talent du jeune homme typiquement british, tel Del Marquis des Scissor Sisters ou Sir Elton John himself qui l'a enrôlé pour faire les premières parties de sa tournée actuelle et qui a bien voulu se prêter au jeu du duo sur le titre I wish we were leaving annonçant l'album.
Je ne vais donc pas simplement m'arrêter sur Life is easy mais reprendre tout depuis le début pour ce natif d'un petit village du Pays de Galles qui enfant se mit au piano et à la guitare mais qui bascula de ses roots plus folk à des sonorités plus dance pour mâtiner sa pop lorsqu'il prit le pseudo Bright Light Bright Light, inspiré d'une phrase issue du film Grimlins. C'est en 2006 qu'il entame sa carrière de chanteur pop sous son vrai nom, publiant les singles Good coat, Same old linesYour love is a tease puis le mini album Until something fits en 2009 après un Playroom EP en 2008. Ces premiers essais prouvent ses talents de vocaliste et de songwriter même s'ils s'inscrivent dans un pur territoire pop/folk qui m'est moins familier et tirent source de ses racines celtes me semble-t-il. Ce n'est qu'après avoir emménagé à Londres pour chanter dans le métro et s'être construit un homestudio qu'il enregistre ses premières démos plus électroniques et les envoie au producteur hiphop américain Boom Bip qui, séduit, invite Rod venir enregistrer avec lui à LA. Le titre A new word to say qui en résultera marquera le début d'un nouveau son pour Rod Thomas et il figurera ainsi sur son premier album 3 années plus tard, aux côté d'une autre co-production avec l'américain, Disco moment.

C'est cependant de retour en Angleterre qu'il trouve en Andy Chatterley (mari et collaborateur de Nerina Pillot) et les anciens du groupe Orson, devenus la songwriting & producing team The Invisible Men, ceux avec qui il va façonner le son de Bright Light Bright Light.
Son premier single, Love part II, est co-écrit et produit par Andy Chatterley, qui remixe également pour sa sortie en second single le tubesque Disco moment enregistré aux states avec Boom Bip. Cette fois, le titre est accompagné d'un clip particulier qui met une image forte sur la musique de l'artiste et le succès, s'il reste underground et n'entre pas dans les charts officiels britanniques, n'en prépare que mieux le terrain pour la suite.






Tout vient à qui sait attendre, et le single suivant et première collaboration avec les hommes invisibles Jason Pebworth, George Astasio & Jon Shave est purement tubesque. Très inspiré de la pop/dance des années 90, Waiting for the feeling s'offre en remixes haut de gamme par K-Klass, Trouser Enthusiasts et Vinny Vero & Steve Migliore. Avec ses claviers italos et son refrain accrocheur, il prépare le terrain pour l'album Make me believe in hope qui sort mais n'en finit pas d'égrener ses titres, tous plus forts les uns que les autres, Feel it, aux arrangements très house revival et choeurs puissants, Moves, très addictif et mélodique, et aussi le rétro A new word to say, même si ce dernier ne bénéficie que d'une vidéo, pas d'un support CD comme les autres, avec titres inédits et remixes, toujours de K-Klass et Vinny VeroCes différents singles montrent cependant dans la qualité d'écriture mélodique de Rod Thomas qu'il n'est pas non plus près à s'approcher de l'écriture pop "grand public" qui surfe le haut des charts, les titres de ces chansons n'étant pratiquement jamais la phrase directrice de ses refrains, un peu à la manière des tubes de New Order dont le titre restitue l'esprit de la chanson et sa thématique, et pas forcément l'accroche du refrain.





Mais non content de réussir dans ses titres pop aux accents rétro dance, le chanteur ré-invente son album et en publie en 2013 une version "blue prints", ré-enregistrée en piano/voix principalement, avec des arrangements downtempo. Et là où c'est bien la preuve de ses talents de songwriter, c'est que ça marche tout autant ! Rod Thomas en profite pour ajouter quelques invités avec qui partager ses titres, Sunday Girl ou Sound Of Arrows pour les plus connus, Beth Hirsch, Allison Pierce ou Dems et encore Mykal Kilgore et bien sûr Del Marquis.
Sur Make me believe in hope, il aurait pu y avoir d'autres extraits, tant il regorgeait de bons moments, et pas seulement disco. J'aime particulièrement son morceau d'introduction Immature, au tempo ronronnant et à l'inspiration Pet Shop Boysienne, mais aussi How to make a heart, qui s'enveloppe d'une dimension poignante dans sa version piano/voix. Mais ce que j'aime aussi, c'est que Rod Thomas prend soin de ses fans en incluant presque toujours des chansons inédites à ses sorties singles, et comme pour le duo susnommé, sous de qualité même supérieure encore à la chanson titre, à l'exemple de Being sentimental, au refrain inoubliable et face B de Disco moment, ou Good times, extrait du single Feel it, et qui intègrent d'ailleurs toutes les deux le tracklisting de la ressortie de son album aux côtés des meilleurs remixes et d'une reprise de la chanson thème de la série Twin Peaks, Falling.






Mi 2013, Bright Light Bright Light publie un nouvel EP, mettant en avant le midtempo mélancoliquement superbe In your care et l'uptempo tubesque et lumineux An open heart, avec un second titre pop/dance très réussi, Same dream et un morceau plus sombre, Movement in the dark, avec la version piano acoustique de la chanson titre, qui gagne en intensité, pour un texte très personnel que Rod a écrit en pensant à sa mère après s'être expatrié pour bosser outre-atlantique. Si à la première écoute, ce titre m'a un peu laissé sur ma faim et que je me suis davantage tourné vers les deux uptempos, c'était pour mieux revenir me hanter en effet boomerang et finir presque chanson de l'année 2014.
Rod Thomas travailla également sur le projet multi-artistes de son ami Del Marquis, Slow Knights, dont l'album Cosmos contient le superbe morceau house oldschool qui démarre comme du Madonna Under attack pour lequel Rod tient aussi le rôle d'interprète. Même s'il n'a pas marqué les charts, le nouveau groupe de l'ancien des Scissor Sisters travaille sur du nouveau matériel puisque le duo vient de récidiver avec un nouveau single house rétro, Without you.




Suivra son duo surprise avec Elton John, I wish we were leaving, nouveau midtempo déroutant au beat drum'n'bass/garage et couplé à deux nouvelles chansons, la superbe Matters et le subtil She carves her desire, ainsi que deux remixes pour son EP. Mais c'est ensuite Life is easy qui est publié et comme d'habitude avec BLBL, il m'a fallut un peu de temps pour que sa musique moins accessible que ma pop/dance habituelle ne me captive et ne s'accapare mon top d'écoutes iPod.


L'album commence par des nappes de cordes qui construisent petit à petit l'ambiance de Everything I ever wanted, morceau solaire que Rod a récemment publié ré-enregistré avec la chorale des Pink Singers au profit de la journée de lutte contre le Sida, acte militant tout à son honneur. Suit son nouveau single, There are no miracles, où l'auteur revient sur le mérite du travail et sur la force intérieure comme meilleur moyen de croire en ses rêves pour les voir se réaliser. Le clip quant à lui déplace un peu le propos en suivant un garçon aux goûts différents et qui puise en ses passions la force d'être lui-même envers et contre tout et surtout les autres qui se moquent de lui et le tyrannisent. Ces deux premières chansons sont plus pop et moins dance que d'autres singles de son répertoire et l'on sent que Rod Thomas a abordé une phase plus mature de son travail et je regrette presque que ces singles n'aient pas bénéficié de remixes. Ce sont en effet des versions live différentes et propres à chaque pays qui accompagnent There are no miracles sur sa version EP digital mais même moi qui ne suis pas fan de live trouve dans les enregistrements de Bright Light x2 de quoi me satisfaire. C'est d'ailleurs aussi pour ça que je me suis laisser séduire par son Live at Mercury Lounge NYC enregistré la semaine dernière et distribué en digital à prix ultra-réduit sur sa page bandcamp (lien plus bas). On y trouve notamment une version mashup de son tube Waiting for the feeling avec Let me be your underwear de Club 69. Car Rod Thomas est également DJ et il a l'habitude de poster sur sa page Soundcloud des remixes et set très réussis.





An open heart figure non seulement au tracklisting de l'album mais a également été ressorti en single en son nom propre, accompagné de remixes  (notamment par Alan Braxe) et d'un titre inédit, Arms of another. Le single précédent, I believe, renouait après la sortie de l'album aux sonorité 90's house revival et aux refrains imparables, grâce avant tout à la phrase titre "I don't know what you've done to me but I believe". Dans la vidéo festive et estivale, où Rod chantait entouré de garçons et filles dans une piscine, j'ai moi vu un hommage aux Pet Shop Boys, comme un mix de Being boring et Sé a vida é mais peut-être est-ce une influence inconsciente qui me parle parce que je partage les mêmes références musicales :).
Good luck possède les mêmes qualités upbeat et house mais je lui préfèrerait comme single potentiel d'autres plages de l'album. Peut-être pas le titre final, Happiness, mid-tempo au beat moite et au refrain solaire, mais les trois autres pourraient tout aussi bien faire l'affaire ou se succéder dans ce rôle ! Lust for life commence tout en douceur mais c'est pour mieux cacher son jeu puisqu'à mesure qu'une rythmique réminiscente de celle du duo avec Elton John prend de l'ampleur, on se fait emporter par la puissance de la chanson comme par une lame de fond, et le refrain ravage tout, avec la voix de Rod ample et chaude.
More than most démarre plus subtilement pop, avec la voix du chanteur presque murmure au début, mais c'est pour mieux nous emporter avec le refrain. Ce titre mélancolique s'appuie aussi sur de puissants choeurs qui lui apportent du relief et une réelle force dans sa seconde partie, ainsi que sur des arrangements de cordes acoustiques qui lui apporte de lé légèreté. Mais c'est Too much qui fait office de meilleur candidat, avec sa rythmique pling-plong, ses effets de synthés/orgues en réverb' et son refrain à rallonge à la mélodie très mémorisable et jouant sur l'opposition forgive/forget.

Au final, quoiqu'il s'ensuive pour l'exploitation du disque, Life is easy est une réussite au tracklisting très précis et bien choisi. La phrase qui lui donne son titre se retrouve dans son premier extrait mais pas seulement, tant elle représente l'état d'esprit de son auteur. Comme s'il regrettait toutefois d'avoir laissé de côté et relégué au rang de faces B des titres chéris, Rod Thomas a publié en digital la compile de ces inédits et de versions piano/voix, Matters. Je regrette juste qu'il y manque sa formidable et dépouillée reprise de Billie Ray Martin Your loving arms, offerte aux fans via Youtube.
Il faut bien avouer que Bright Light x2, à l'instar de son nom d'artiste, est difficile à suivre toujours, puisqu'il multiplie les supports pour ses oeuvres, il duette avec Ana Matronic des Scissor Sisters sur une reprise des Pet Shop Boys, West end girls, remixe Erasure ou Darren Hayes, comme des artistes plus underground, chante pour le DJ allemand Marquez III sur All it takes, publie en exclusivité une reprise de The mother we share via Rdio.com ou Inside out via soundcloud, etc. Je me demande vraiment comment il arrive à tout faire !


Cassandre, un duo inédit en France

Découvert par hasard sur internet avec leur premier album autoproduit et distribué en digital, Il était une histoire, puis reconnu aux auditions du X-Factor, avant de les retrouver sur Youtube et sur MyMajorCompany, le duo Cassandre semble ne plus avoir quitté mon iPod depuis déjà pas mal d'année mais ce n'est qu'en fin d'année dernière qu'est enfin sorti leur premier CD éponyme, produit grâce aux 834 contributeurs (dont je fais partie) qui ont aidé à recueillir l'argent nécessaire pour financer leur projet sur le site avant lancé avant eux Grégoire et tant d'autres. Alors que je me préparais à les voir en live en première partie d'Ysa Ferrer à La Cigale le 10 Janvier dernier, je me suis rendu compte que je n'avais jamais posté de critique de leur album alors même qu'en tant que producteur, ça aurait été le minimum pour participer à leur promotion...
Après l'avoir reçu, je n'avais pas voulu posté trop tôt pour mieux travailler mes commentaires et ensuite, et bien je n'ai plus pris le temps. C'est dans mes résolutions 2015 de corriger ça et voilà enfin sur chacune de leurs dix chansons ce qui ne peut que vous donner encore de vous procurer l'album en digital comme en CD :



1. Ma Révolution 3:54 10/10
L'album démarre par leur premier single officiel, au clip fastueux dont je ne me lasse pas, et le glas qui sonne dans l'intro semble marquer le début du combat qui se joue dans le clip. On retrouve dans ce titre tout ce qui compose l'univers musical de Pier & Flo : des textes inspirés et romantiques, de la musique pop aux mélodies enlevées et addictives, des voix qui se répondent, se mêlent et s'entremêlent en montant toujours plus haut dans les aigus sans jamais faillir, et des arrangements électroniques et symphoniques, alliance parfaite de cordes et de nappes de synthés sur une rythmique pop/dance comme j'aime. Ma révolution a eu du mal à être playlistée par les radios françaises, souffrant peut-être de la frilosité actuelle sur les textes parlant de bombes et dont un refrain commençant par "moi je fais la guerre" vaut plus d'être censuré. Dommage, d'autant que les remixes de Loudwing et Eric Andre emmenaient le titre encore plus sur la piste de dance avec des sonorités plus électros, voire cacophoniques pour le second :). Tout repose maintenant sur un nouveau single et j'espère sur un partenariat de premières parties de concert, Christophe Willem ou Calogero, ce serait idéal et super !


2. Non Mais Je Rêve 3:36 10/10
Même ambiance et rythmique imparable pour Non mais je rêve qui pourrait bien se voir en single aussi. Si le début du refrain est planant et voit les voix des garçons s'envoler haut et tenir la note, il bascule ensuite sur une mélodie plus énervée qui se décline dans le pont dans des sphères en voix de tête encore plus haute, avec un beat binaire qui donne envie de taper du pied et battre des mains en rythme. Seule la fin manque de punch, la chanson se coupant presque net.

3. Nos Coeurs Libres 4:37 9,5/10
Le rythme s'est très ralentit sur Nos coeurs libres mais le mid-tempo des couplets prend néanmoins de l'ampleur sur son refrain haut perché aux paroles très fortes qui se retiendraient bien là aussi si décliné en single. L'inspiration mythologique des couplets, le tempo, l'ambiance générale de ce morceau font inévitablement penser à Mylène Farmer et je m'étonne encore que Cassandre justement n'ait pas été déjà adopté par la cohorte des fans de la diva rousse. Ils sont indubitablement fans et on sent que dans l'inspiration de leurs morceaux, il y a cet univers assimilé et aimé par le duo.

4. A La Vie A La Mode 4:03 10/10
Seul texte avec Liberté non écrit seulement par eux, mais avec Florian Gazan, A la vie à la mode est plus moderne tout en étant très inspiré, sur cette quête de beauté actuelle et ses dérives. Musicalement, on retrouve une rythmique pop/dance hyper accrocheuse et une mélodie ascensionnelle qui fait s'envoler encore les voix du duo, soutenu par un amusant violon synthétique. Comme j'en ai fait l'expérience à La Cigale, le titre bénéficie en outre d'un pont facilement supportable par le public d'onomatopées que l'on ne peut que reprendre en choeur. Je croise les doigts pour que ce soit le titre qui les révèle !!


5. Ô Mon Amour 4:05 9/10
Retour à l'inspiration Farmérienne et mythologique avec ce Ô mon amour qui commence par la phrase "Heureux qui, comme Ulysse, fait un long voyage" sur un nouveau mid-tempo plus sombre et pesant mais offre à nouveau un refrain plus lumineux. J'aime particulièrement le romantisme qui éclate dans la répétition des "emmène-moi" qui se répètent en écho et sonnent comme un chant de sirènes faits pour détourner Ulysse et l'auditeur de son chemin pour s'arrêter dans les eaux de Cassandre.

6. Eden 4:04 10/10
L'intro d'Eden revient plus électro et tonique, et même si le premier couplet laisse à peine démarrer la rythmique, on a bien affaire là encore un un morceau hyper dansant pop/dance moderne et possédant à nouveau le potentiel de futur single. La répétition sonores des "Et je traîne, et je traîne dans l'Eden" est en effet très mémorisable, plus que la plupart de leurs autres textes, et même si de premier abord, il semble plus simple, à la deuxième lecture, on peut en fait y voir transposé le monde de la nuit sous l'influence des drogues et à la recherche du plaisir insouciant.

7. Atteins Le Bonheur 3:19 10/10
Version réenregistrée et plus punchy d'un titre paru en vidéo sur le net avant leur signature sur MyMajorCompany, Atteins le bonheur perd un peu de sa beauté symphonique, bien que le refrain garde cet esprit intact comme pour mieux l'opposer aux arrangements électros. Les voix pures et magnifiques du duo atteignent sur ce titre la parfaite symbiose et même sous les loops industriels et effets vocoder, je reste subjugué par ce titre !


8. Eaux Troubles 4:41 9/10
Retour à plus de douceur et à l'ambiance Farmérienne sur ce downtempo qui se fait planant et glacial presque sur les couplets mais qui possède là encore un refrain lumineux qui tranche et élève tonalité comme rythme et plaisir pour l'auditeur. J'aime tout particulièrement les notes de piano plaquées qui accompagnent le refrain et le soutiennent, ainsi que la fin toute en ambiance qui étire le morceau un peu plus.

9. Je Jette A La Mer 3:51 10/10
Autre chanson connue des ultra-fans, Je jette à la mer est parée ici d'une guitare rythmée qui change un peu l'ambiance du premier couplet mais un peu plus de synthés dilue cette inspiration acoustique de rappels de concert pour la suite du morceau, résolument positif, avec une mélodie sautillante qui le fait monter plus haut sur la fin.

10. Et Sonnera L'Heure... 4:11 8,5/10
Piano/Voix pour débuter cette fin d'album et deux titres qui sont chers au duo puisqu'ils ont choisi de ré-enregistrer deux chansons déjà présentes sur leur premier album autoproduit de leurs débuts. Et sonnera l'heure... est la première et n'a pas beaucoup changé sous l'influence de leur co-réalisateur/arrangeur Tiery-F. Elle a gardé cette ambiance un peu pompeuse, grandiloquente qui fait que ce n'était pas ma préférée de leur premier opus :).


11. Liberté 4:50 9,5/10
Difficile pour le duo de profs d'abandonner également leur mise en musique du poème Liberté de Paul Eluard qu'ils avaient sorti (et remixé) en single en 2012 je crois. D'autant qu'il n'a jamais été plus d'actualité après ce sanglant 7 Janvier 2015 comme ils l'ont chanté le samedi suivant sur scène. Je n'ai par contre jamais trouvé ce titre très radiophonique, même s'il est très beau et que les répétitifs "J'écris ton nom" semblent le hanter et nous hanter avec lui.

Une belle façon en tout cas de finir cet album et de faire la transition de leur passé "amateur" sur un CD de professionnels qu'ils ont écrit, composé, arrangé, réalisé et bien sûr chanté, avec l'aide de Tiery-F et quelques autres musiciens pour la partie enregistrement. J'espère bien qu'il y aura une suite !

Et juste pour le plaisir, les vidéos de leurs plus belles reprises :



Christine & The Queens apporte un peu de "Chaleur humaine" dans la pop électronique

Véritable révélation de l'année qui vient de s'écouler, l'artiste française Christine & The Queens, Héloïse Letissier de son vrai nom, n'en finit pas de faire parler d'elle et de son formidable premier album Chaleur humaine qui s'écoule comme des petits pains et a le mérite de réjouir à la fois les critiques et médias comme le grand public.
C'est dans mon canapé que je l'ai vraiment découverte, devant l'émission de Laurent Ruquier où elle était invitée que la retransmission des images de ses vidéos et de la performance qu'elle avait faite aux victoires de la musique précédentes. Ça m'a fait me souvenir que j'avais été scotché par sa chorégraphie qui ne faisait qu'une avec sa voix et sa musique et comme ils avaient annoncé qu'un album allait suivre, je m'étais noté d'y jeter un oeil sans me souvenir cependant vraiment de l'artiste. Se livrant sans fard dans l'interview qui a suivi, la belle artiste avançant farouche et sans concessions dans son univers m'a donné envie à nouveau de lui tendre l'oreille, d'autant que je reconnaissais sans avoir pu les mémoriser les morceaux qui avaient illustré son passage dans l'émission de France 2 : Nuit 17 à 52, Ugly-pretty et bien sûr Saint Claude, dont le titre n'aide pas à retenir le morceau dont la phrase d'accroche du refrain anglais est en fait "Here's my station..." C'est ce qui caractérise le plus la musique de Christine & The Queens, ce mélange d'anglais et français aux accents pop, new wave, et sans refrain, texte raccoleur qui tomberait dans la variété. Le tout paré de cordes chaudes et symphoniques qui donnent bien de la chaleur à son électropop. Le mélange peut être déroutant mais n'en demeure pas moins hypnotique et addictif, même si difficile d'accès de prime abord en format radio standard. Heureusement, ça n'a pas empêché Saint Claude par exemple d'être playlisté et d'aider à démocratiser sa musique pour en faire un des albums gagnants de l'année.

1/ iT 3:38 9,5/10
L'album commence presque religieusement avant que la rythmique lourde et pesante n'ouvre la voie pour son interprète. iT est un titre tout en anglais dont l'accroche "I'm a man now" capte l'attention de l'auditeur dans un texte poétique et dur ciselé autour de l'idée d'une femme qui se sent homme et dont la braguette rembourrée qu'il/elle empoigne n'est qu'un subterfuge. Ce titre est très poignant et percutant, démarrant en trombe un album du même acabit, et son imagerie renvoie à son interprète, qui adule Michael Jackson et joue souvent de cette image à s'emparer d'une main de ses virils attributs sur scène. C'est peut-être aussi une déclaration d'indépendance de l'artiste ouvertement bisexuelle vis à vis de notre société machiste. Ce titre ouvrait également son premier EP, Miséricorde, en 2011, sur lequel figurait une reprise très personnelle du titre de son idole Who is it, et devrait donc s'interpréter comme le premier single de Christine à mes yeux.

2/ SAINT CLAUDE 3:59 10/10
Suit LE tube dont la chorégraphie/vidéo a fait beaucoup sans doute aussi pour son succès, et cette fois, Saint Claude est en français, sauf le refrain en anglais, ce qui aide aussi à figurer aux playlistes de nos radios, quotas obligent. Le phrasé syncopé et l'ambiance lourde et moite du titre en font un ovni musical qui tranche à côté des productions habituelles de l'hexagone. En français, les mots d'Héloïse n'en sont pas moins poétiques et sa voix qui devient quasi angélique dans les aigus du refrain se mèle à merveille avec les arrangements somptueux. La belle joue en effet de sa voix, la superposant en couches et choeurs de paroles et tons différents, et j'ai longtemps pensé qu'on n'en avait qu'une version parce que son mix était juste parfait. Vient seulement de sortir un remix de Demonico Torti qui le raccourci légèrement en y ajoutant une rythmique dance subtile qui apporte une réelle valeur ajoutée au morceau pour l'emmener dans d'autres territoires sans le dénaturer. Je dis bravo !


3/ CHRISTINE 3:54 9,5/10
Nouvel extrait de l'album, Christine démarre sur plus de trente secondes en instrumental, avec une rythmique trébuchante et une petite mélodie enfantine étouffée et régressive. Cette fois encore, le titre de la chanson en est absent et la phrase forte de son refrain qui revient est "ça/je ne tient/s pas debout", avec un effet répétitif et hypnotisant qui, ajouté à un pont parlé/murmuré à notre oreille, transforme ce petit bijou en une mélopée quasi mystique et en un instant pop magique. Notez que c'est une ré-écriture en français de son titre de 2012 Cripple, qui bénéficie donc d'une nouvelle version plus subtile aussi je trouve.


4/ SCIENCE-FICTION 3:39 8,5/10
Quatrième plage et nouveau renfort de pop complètement barrée, avec ses choeurs en italiens (à moins que ce ne soit du latin?), sonorités électro-psychédélirantes et refrain qui tourne en boucle ascensionnelle comme pour mieux nous faire monter au septième ciel rejoindre son artiste, visiblement perchée haut, très haut, mais c'est bon :). Même si moins accessible. J'imagine plus ce titre comme un hommage à sa chérie, peut-être nommée Stella comme dans la chanson ?

5/ PARADIS PERDUS 3:36 9/10
Bizarrement, Paradis perdus n'est pas un titre écrit/composé par Christine mais une reprise de Christophe, Jean-Michel Jarre à la musique, datant de 1976 apparemment, et totalement appropriée par la jeune femme. Comme si ses chansons ne pouvaient décidément pas y voir leur titre chanté, elle occulte la partie où il figurait et ponctue les couplets totalement réarrangés d'une nouvelle partie en anglais piquée à Kanye West qui sonne comme un refrain, "Heartless, how could you be so heartless", sauf que pour une fois, je trouve son anglais sonner plutôt "à l'aise" :). Quoiqu'elle chante en tout cas, ce titre pourrait jouer l'ultime single extrait puisqu'il se jouerait également des quotas tout en rendant hommage à une autre de ces idoles/modèles. Elle semble exceller pour faire siennes les chansons fétiches de ses aînés puisqu'elle avait déjà magnifié le tube d'Yves Simon Amazoniaque sur son second EP. Dommage qu'il n'ait pas été ajouté ici en bonus ;).

6/ HALF LADIES 4:19 8,5/10
Mais n'allez pas croire que ses propres compos ne pourraient jouer ce rôle, à l'image de Half ladies qui, bien que son titre ne l'indique pas, est 100% en français, minus le titre qui est répété dans le refrain en boucle très mémorisable "laissez passer toutes les half-ladies". Les couplets me semblent cependant un peu mornes comparés au refrain réjouissant. Le propos quant à lui, et une fois encore, revient sur le droit à la différence, d'être un garçon-fille, à moins que ce ne soit une fille-garçon, à l'image des "Queens" dont Héloïse a décider de parer son alter-égo Christine en souvenir de ses années d'immersion dans les clubs queer de Londres.

7/ CHALEUR HUMAINE 3:58 9/10
Nouveau mid-tempo moite, et finalement assez sexuel dans son texte toujours aussi poétique et délicat cependant, qui s'éveille quand éclot son refrain lumineux qui cette fois se termine en apothéose par la révélation de son titre "...pour m'initier dans un sourire à la chaleur humaine" ;). Les arrangements minimalistes accompagnent cependant suffisamment la voix de son interprète et le titre s'achève presque trop tôt.

8/ NARCISSUS IS BACK 3:29 8,5/10
Seul rescapé de son EP de 2012 Mac Abbey et 100% dans la langue de Shakespeare, Narcissus is back semble une ode emplie de doute sur l'amour propre ou sur l'estime de soi à avoir pour mérité d'être aimé. Utiliser l'image mythologique de Narcisse, aimant trop son reflet au point de s'y noyer, mais en anglais, joue sans doute là encore sur ses références queer acquises à Londres, Pink Narcissus étant un film érotique historique de cette culture.


9/ UGLY-PRETTY 3:26 10/10
Christine joue encore sur le thème de la beauté empoisonnée avec ce titre Ugly-pretty, qui rend également hommage à l'artiste iconique Klaus Nomi, premier mort officiellement du sida, et dont l'opéra-pop électronique inclassable aura marqué son époque et l'imagerie coldwave des années 80. Mais elle va plus loin, accompagnant ce titre rythmé et accrocheur en anglais au refrain d'un couplet parlé en français sur l'imagerie pornographique accessible partout sur internet de nos jours. Et le subtil alliage de tout cela fait de ce titre une autre pierre fondatrice de l'album incontournable.

10/ NUIT 17 A 52 4:22 10/10
Intro toute en douceur en piano/voix pour le titre de 2013 issu de l'EP du même nom qui a ouvert la voie pour l'album, mais Nuit 17 à 52 est plus que ça... Si son texte obscur, en français principalement, même si un pré-refrain en anglais marque bien son territoire aussi avant le refrain étiré et délié autour de la voix de son interprète, me semble avant tout parler de la difficulté à faire durer une rencontre, une passion, l'amour tout simplement, on est encore une fois avant tout dans une non-narration poétique mais qui, fondue avec la musique et la voix, nous capture et nous emmène avec elle.


11/ HERE 4:27 8/10
Orgues pesants mais voix vive font de cet ultime morceau un paradoxe qui dure tout le long du morceau, qui décline chaque couplet chanté en français derrière la phrase d'accroche "Here is where everything happened" avec un refrain sombre presque incantatoire qui sonne comme un le requiem de cet album déjà fini. C'est le titre que j'aime le moins de l'album et ça ne m'aide qu'encore mieux à rappuyer donc sur la touche play pour le ré-écouter depuis le début :) ! Et vous ?

Maintenant, je m'interroge sur la manière dont elle va pouvoir suivre cet opus d'anthologie sans être redondante, sans tomber dans la facilité (ce ne serait pas son genre) ni dans le trop pointu, nombriliste, sans décevoir. Difficile mission mais Héloïse à sûrement plus d'une Christine dans son sac !