lundi 3 décembre 2012

"Monkey me", le nouveau cru Mylène Farmer est arrivé...


Le visuel éthéré et blond peroxydé annonçant sa tournée Timeless 2013 et son neuvième album studio Monkey me avait surpris plus d'un fan lorsqu'il avait transpiré sur le net il y a quelques mois mais il n'avait pas découragé les fidèles puisque les places de concert se sont vendues en une journée, que le premier single A l'ombre se classa dès sa sortie N°1 des ventes et téléchargements et que l'album sorti ce jour est bien évidemment lui aussi N°1 sur iTunes et Amazon (5.99€ !!). Rendez-vous m'étais pris ce soir après le boulot pour aller cueillir dans les rayons ce nouvel opus où Mylène Farmer, toujours plus jeune à l'image comme au 20H hier chez Claire Chazal, renoue avec son complice de toujours Laurent Boutonnat, à la composition et à la réalisation des douzes plages de cet album, après l'échappée auprès d'autres producteurs qu'avait été l'album précédent Bleu noir. Découvrons cette nouvelle immaculée ensemble, titre par titre...

01/ ELLE A DIT 3:52 19/20
L'album démarre sans intro, direct avec la voix de Mylène bien en avant, et dans le mixage de tout l'album d'ailleurs, j'ai l'impression que l'ingénieur du son Jérôme Devoise, présent depuis 2005 et Avant que l'ombre..., a eu pour mission de couper l'herbe sous le pieds de ses détracteurs qui disent sans cesse que ses paroles sont incompréhensibles. Là, sa voix est bien en avant et porte un très beau texte mélancolique et triste (non, c'est une blague ! LOL) qui sent bon le tragique ou le suicide, d'une femme qui "aime une fille", mais sur une musique entraînante qui virevolte comme du Farmer/Boutonnat de la bonne époque, loin du clinquant 90s que je n'avais pas aimé sur Be me (sois moi). Certains trouveront que c'est un retour en arrière, d'autres diront qu'elle fait du sur place ; moi, je dis que je la retrouve comme je l'aime et que ce Elle a dit promet et vous met dans l'ambiance de ce Monkey me très Farmérien.

02/ A L'OMBRE 4:50 19,5/20
L'album enchaîne sur l'intro de A l'ombre, premier extrait single où l'on retrouve une rythmique pop/dance binaire inspirée de ses années 90 et dans la continuité du triptyque Oui... mais non, Lonely Lisa, Du temps. Le refrain rescussite notre Mylène s'époumonnant sans perdre le souffle pour tenir ses notes, longues et feulées tandis que le rythme des BPMs s'affole et met nos corps en transe. Côté texte, son propos est bien d'afficher sa pleine conscience que sa timidité maladive peut l'entraîner trop loin dans une solitude qui deviendrait dangereuse pour elle et que c'est par son public ou par amour qu'elle se fait violence et parvient à garder contact avec le monde étranger extérieur. La vidéo dévoilée ce weekend et réalisée elle aussi par Laurent Boutonnat alterne scènes rythmées mettant en valeur ses danseurs torses nus et scènes plus dérangeantes où un comédien se grime le visage avec ce qu'il me semble être de l'argile grise et de la peinture, avant que Mylène, redevenue rousse et toute ébouriffée, n'en fasse de même... berk! C'est dégoûtant... Même avec de la chantilly, je n'aimerais pas ça ! M'enfin, là où ce clip réussit donc, c'est de faire parler de lui, et donc d'attirer les vues par bouche à oreille.
Pour relancer l'exploitation du single, des remixes viennent d'être mis en vente et même si je regrette que les packages en vente ne me permettent pas d'acquérir chaque version courte, quatre remixeurs ont été mis en concurrence : Guena LG, un habitué, pour un new chords remix qui garde l'esprit du morceau et le pousse juste un peu plus dans une rythmique dance. C'est mon préféré j'avoue. Les israëliens tendance de The Young Professionals, TYP pour les intimes, se fendent quant à eux d'un remix plus électro/clubby. Leur patriote Offer Nissim est lui aussi invité, et cet habitué des remixes house fleuves donne avec sa version radio du relief et de l'ampleur au morceau, le dépouillant dans son intro mais en lui donnant du coffre, de la résonnance, si bien que quand le refrain déboule, avec sa boîte à rythme en tachycardie, on ne peut que se lancer à pieds joints pour danser en rythme : une pure réussite ! Un peu lente à démarrer pour se placer dans un set de discothèque, mais génial après un quart d'heure love peut-être. Encore que la version longue démarre par une instru tribale plus facile à placer. Le quatrième mix est offert à un petit nouveau, frenchy apparemment malgré son nom latin, Tony Romera, et il joue sur l'intro d'un effet trop répétitif à mon goût du même accord de clavier tandis qu'il enchaîne ensuite avec des sons électro/noisy qui ont le don de me donner envie de me crever les tympans pour m'y soustraire : pas pour moi...

03/ MONKEY ME 4:13 17,5/20
La chanson titre de l'album démarre par un effet hypnotique qui me paraît l'écho sonore idéal au thème qui transparaît des lyrics : schizophrénie ou fan-attitude à la copycat, encore que les mots s'enchaînent mais restent assez nébuleux à mes yeux... La musique, des couplets comme du refrain, excellent tout particulièrement, est bien plus accrocheuse et je regrette que Mylène l'ait parée du texte (en français principalement) le plus opaque je pense, ce qui rend son avenir moins radiophonique que d'autres. Son pont instrumental tout en carillons façon Big Ben est plutôt étrange aussi, de même que sa fin, comme une platine vinyle qui s'arrête net et fait dérailler la musique. Gageons qu'avec plus d'écoutes, la mélodie de Monkey me me fera mieux apprécier l'ensemble à la longue !

04/ TU NE LE DIS PAS 4:22 18/20
Tu ne le dis pas suit avec une rythmique très appuyée qui sonne un rien vintage, période Je t'aime mélancolie ou Pas de doute, mais elle cadre bien au thème du monde qui court à sa perte finalement, et la phrase titre ponctue les couplets en voix pleine, réservant une envolée en voix de tête et une mélodie ascensionnelle pour le refrain, très entraînant, et jouant à nouveau la carte des longues notes tenues jusqu'au. Là encore, un pont instrumental plus sombre et techno fait le break avant le retour du refrain ad libitum et un épilogue nous rappelant sans doute que l'heure est proche, 2012, fin du monde annoncée !

05/ LOVE DANCE 4:06 17,5/20
Love dance porte bien son nom puisqu'il me paraît être un hymne pour danser et célébrer l'amour. Mélangeant paroles simplistes en anglais et courtes phrases en français qui s'enchaînent comme des perles sur un collier, le passage "happy birthday to you" me fait songer à une inspiration peut-être née d'une Marilyn Monroe chantant son amour pour son président revisitée en version eurodance un peu datée ici encore (mais le retro 90s est de retour, non?) mais plus sensuelle voire sexy adressée en mode duo à un compagnon de chambre. J'avoue ne pas raffoler de la facilité d'utiliser "la la la la la" dans une chanson, et encore moins lorsque cela constitue le corps principal du refrain, mais Mylène ici sait l'alterner avec d'autres accroches en écho qui s'avèrent diablement efficace puisqu'évidemment il me reste cet entêtant refrain dans les oreilles à al fin de la chanson... Un peu trop de sucre donc pour cette ritournelle bubble-gum étonnante dans le répertoire Farmérien, qui se gorge ici d'insouciance et de légèreté, mais il passe plutôt bien grâce à la fluidité de la mélodie accrocheuse et enlevée.

06/ QUAND 4:07 17/20
De sombres cordes nous font retomber sur terre avant que Quand ne démarre vraiment et c'est un des rares down-tempo de l'album, où l'on retrouve cette fois notre triste et mélancolique égérie rousse, dont les mots retrouvent leurs thèmes chéris, mal-être, froid, tristesse, et un très beau saxo à la place de la flûte de pan des années 80. Diffusé en avant-goût de l'album la semaine dernière, il semblerait que ce puisse être le single suivant... Du pur Mylène Farmer pour ultra-fan, mais pas de quoi gagner sa place en playlist de radio de jeun's ! Enfin, après la déferlante de BPMs jusqu'ici, ça fait toujours du bien de faire une petite pause :).

07/ J'AI ESSAYE DE VIVRE... 4'40 19/20
Retour d'une rythmique un peu cheap années 90 pour l'intro lancinante de ce septième morceau, qui cède heureusement vite la place à la voix de Mylène, douce et susurrante le long des couplets, avant que le refrain très Farmerien ne nous emmène plus loin, plus haut, pour ce J'ai essayé de vivre... que je verrais bien s'éditer en version radio. Lorsqu'elle monte chercher en voix de tête suraiguë l'ultime note sur "un sentiment de n'être rien ...du tout", j'entends comme un vieux titre de Mylène des années 80, sans chercher à me remémorer lequel, et j'ai vraiment l'impression que le couple Farmer/Boutonnat s'est retrouvé et a cherché à redevenir celui qu'il avait été, ce qui peut amener certains effets de répétition que ne manqueront pas de brocarder les critiques, mais qui, moi, me laissent en joie, comme lorsque l'on prend plaisir à revenir sur un chemin mille fois parcouru pour y découvrir quelque chose d'autre ou simplement se sentir chez soi. Le break instrumental retrouve les sonorités eurodance made in 1995 pour moi, mais ça passe beaucoup mieux que dans l'intro.

08/ ICI BAS 4'33 18/20
Ici bas commence par des accords de synthés, descendant tout droit de ceux de Du temps, qui enchaînent sur son refrain, up-tempo et entraînant, et moins répétitif que les couplets, où l'accent est mis sur le texte Farmérien, où il est question de spleen, de peine, d'âmes et de prières ; rien de nouveau et l'on sent que comme la musique de ce nouveau titre, le duo ronronne doucement en mode auto, mais que c'est bon... La preuve, c'est que je ne vois pas passer les quatre minute trente que dure le titre !

09/ A-T-ON JAMAIS 3'47 18,5/20
Une calme guitare électrique ouvre la voie pour cette deuxième plage plus calme, croit-on, de l'album, mais c'est sans compter sur la boîte à rythmes qui s'empare du morceau pour lui faire battre le coeur plus fort avec le second couplet. A-t-on jamais démarre comme une complainte mais devient une supplique lorsque Mylène entonne le refrain et ses "Alléluia" qui gagnent en fièvre et en ferveur au fur et à mesure du morceau. J'imagine déjà ce que ça va donner en concert, là encore, on est en territoire connu, mais avec une fraîcheur et une foi qui se dégage que je n'attendais pas. Notez que le livret présente une coquille dans les paroles, notant "moi j'aurais voulu lui plaire pour qu'il reste à mes côtés" quand Mylène s'adresse en chantant à la deuxième personne : "te plaire" et "pour que tu..."

10/ NUIT D'HIVER 5'24 20/20
Back to the eighties et pour un titre quasi instrumental qui fait revenir la Mylène de Ainsi soit je... avec l'ambiance de sa première tournée, oppressante et plaisamment dingue. Ce sont des paroles du Chloé du premier album qui sont utilisées et chantées, chuchotées, mises en boucles fantômatiques, avec moults effets sonores, nappes de synthés comme autant de nappes de brouillard cherchant à nous perdre dans les limbes d'où Laurent Boutonnat veut faire revenir l'esprit de cette espiègle enfant, et c'est très réussi ! J'ADORE. Et j'y vois un nouvel hommage à leur passé enregistré et aux fans fidèles depuis la première heure. J'y entend aussi et surtout comme une revisitation technoïde du si beau Jardin de Vienne que j'ai toujours aimé à la folie, en mode medley avec Chloé.

11/ A FORCE DE... 4'08 14/20
Retour d'une rythmique synthétique en boucle avant que A force de... ne voit Mylène se réincarner en chanteuse arabisante pour un court premier couplet tout en mélopée qui s'intercale avec un refrain en quatre strophes beaucoup plus rapide. Etrange mélange donc que ce titre, moins sucré/salé que sucré/poivré finalement, comme un entêtant parfum d'orient que l'on voudrait mêler à la fraîche fragrance de bergamote citronnée... J'ai du mal à rentrer dedans, même si j'aime le refrain. Et il est à noter que celui-ci est positivement uplifting avec son leitmotiv "j'ai envie de vivre, donner l'envie de vivre". Elle nous surprendra toujours, notre Mylène !

12/ JE TE DIS TOUT 5'30 20/20
Mais il est déjà l'heure de passer à la dernière plage de cet album, Je te dis tout, et deuxième moment d'accalmie après Quand, comme si Monkey me s'était partagé comme un vinyle en deux faces de six chansons chacune, soldées l'une comme l'autre par une douce ballade. Mais cette véritable chanson d'amour n'est douce que dans sa forme, sirupeuse et moelleuse. Côté paroles par contre, il est véritablement question de plaisirs doucement sado-masochistes. "Dénudée, enserrée dans ce jeu sanglant" me renvoie d'une Mylène Farmer ligotée et entravée jusqu'au sang par son amant, tandis que que la douce mélodie la conforte en victime consentante sereine et confiante. "Abuse, frappe", "pose une main (...) sur mes seins", sont d'autres mots sans équivoque, et jusqu'au paroxysme du refrain "pour que nos sangs se mêlent"... Et je me dis que ce titre pourrait être même la musique de fin d'une mort conjointe de la chanteuse et de son "double amant". Pas besoin de triple lecture donc ici pour voir l'artiste s'y dénuder plus encore que parfois dans ses clips, montrant un abandon rare envers son public. Mais qu'importe la thématique, rien qu'avec la musique, Je te dis tout, qui porte bien son titre, faut-il le souligner, et semble donc nous avouer ses plus profonds secrets, était un petit bijou placé délicatement en toute fin de CD comme pour mieux se faire désirer, se mériter ...et là encore, n'est-ce pas une part de ce jeu de domination et d'attente avant l'extase ?


Après cette découverte de Monkey me je n'ai donc finalement que peu de surprises, si ce n'est que ce nouvel album, succédant à un Bleu noir que j'avais finalement peu écouté (trop calme, trop plat), me surprend par son ambiance beaucoup plus joyeuse et rythmée que je ne m'y attendais. Un seul titre ne m'a pas séduit quand quelques autres m'ont laissé plus mitigé mais dans l'ensemble, j'ai retrouvé tout ce qui me plaît chez Mylène Farmer. Sans doute un peu trop justement, certains plaisanteront sur le titre de l'album et diront qu'elle se singe elle-même. J'ai en effet parfois noté des ressemblances avec des morceaux du passé du tandem Farmer/Boutonnat, mais ce n'est pas moi qui m'en plaindrait en tout cas... Je préfère qu'elle reste ancrée dans son territoire, pour nous raconter ses histoires, son imaginaire, sa vision, butant souvent sur les mêmes mots, avec son phrasé caractéristique découpant les syllabes jusqu'au bout des mots, que de s'éparpiller à chercher à faire autre chose et à devenir une autre.

Sinon, pas de renouveau non plus mis à part sa blancheur capillaire côté cover art, signé Henry Neu comme toutes ses pochettes depuis quelques temps déjà, et grosso modo, depuis que je ne les aime plus vraiment... ! Et qu'est-ce que c'est que ce Monkey me albinos plaqué sur sa chevelure en gros plan ? J'ai découvert sur le livret qu'il y avait même un créateur typographique pour ce titre... ! Je pensais que c'était Mylène elle-même qui avait essayé toutes les polices dispos sur l'ordi de Pascal Nègre pour en choisir une au hasard, dans le rush de finaliser l'envoi pour impression après avoir valider le choix de la photo (superbe, elle). Pas d'autre exemplaire de la belle rousse enneigée sur le livret qui, s'il offre les textes des douze titres, les diffuse dans un autre ordre que celui de la lecture et j'essaierai bien demain d'écouter les chansons ainsi, au cas ce puisse être le tracklisting original choisi mais remanié finalement avant gravure... L'album commencerait alors par A l'ombre et se fermerait sur Nuit d'hiver, et cela conviendrait également je trouve. Mais qu'importe leur ordre (enfin presque), le principal, c'est que le cru Farmérien 2012 est une bonne année qui devrait bien vieillir dans mon iPod et s'y décanter même pas mal de mois avant qu'un autre le déloge... "Et vous ?"

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