

Le reste de l'album, s'il n'est pas entièrement de la même trempe que ce premier single inégalable, est gorgé de soul profonde et moderne, teinté parfois de R&B, souvent de gospel. My kind of love, prochain et quatrième single à sortir de son album, est un beau mid-tempo inspiré qui fait la part belle à la voix de sa chanteuse, qui, il faut le souligner, a co-écrit chacun des 15 titres de son CD. Linéaire mais uplifting, il déroule sur un tapis ocre et chaud la soul d'Emeli. Where I sleep suit, avec un phrasé plus street que gospel cette fois, et une petite rhythmique qui l'accompagne tout du long de ce court morceau (2'12 !). Mountains enchaîne avec des arrangements tout en echos et une voix douce et hésitante portant le texte, délicat et fragile comme une bulle de savon, sur fond de violons très philly. Ce n'est que sur la fin du morceau qu'une rythmique appuyée apporte de la force au message optimiste du refrain "We'll climb mountains, climb mountains together", pour un effet finalement dans la même teinte qu'Heaven. Le titre suivant démarre presque acapella, la voix d'Emeli toujours très en avant simplement portée par de doux accords de piano. Et c'est sous cette forme que Clown dure encore un petit moment, jusqu'à ce que des arrangements soyeux de cordes ne parent cette douce et calme ballade jusqu'à son terme.
Changement de registre dès l'intro de Daddy, qui fut sorti en guise de second single fin 2011, puisque la chanteuse pince sa voix pour une intro planante mais dont on pressent la prochaine évolution en titre plus R&B.

Suitcase poursuit avec une guitare sèche très en avant pour accompagner Emeli Sandé et une fois encore, le mixage laisse la voix de cette dernière très en avant, ne distillant les différents éléments de l'arrangement que pour mieux la mettre en valeur. Ce titre me paraît être plus folk que le précédent, bien qu'ils devraient tous deux s'inscrire dans une sonorité plus américaine quand le début de l'album était bien de la brit-soul. Breaking the law continue sur cette lancée avec une mélopée guitare/voix que ne bouderaient pas les fans de Bob Dylan & co. Encore une foix, la voix d'Emeli porte le morceau et les félures, ses intonations nous font partager ses sentiments et sont de l'émotion à l'état brut.

Et quand chez certains, les fins d'albums sonnent comme du remplissage de CD avec des titres lents et mous du genou, ici, on voit qu'à l'opposé on nous enfile des perles l'une après l'autre. Hope est en effet une superbe ballade écrite à quatre mains par Emeli Sandé avec Alicia Keys qui se charge de la réalisation, des percus et des claviers tandis qu'Emeli s'accompagne au piano. Si ce titre n'a peut-être pas le charme instantané nécessaire à une exploitation en single, il n'en demeure pas moins un pur moment à savourer avec plaisir, de même que le Read all about it (Pt. III) qui suit. Il s'agit de la version solo en piano/voix du titre qu'Emeli a écrit et chanté avec Professor Green, et qui est devenu le premier numéro 1 de la belle en Octobre 2011 (2 semaines consécutives en Grande Bretagne). Plebiscité par ses fans, cette ultime plage de CD et titre bonus s'est vu atteindre en téléchargements seuls la place #49 de ces mêmes charts le mois dernier, lorsque l'album est sorti. Il est vrai que gommé des parties de son interprète rap original et réduit à sa plus simple expression au piano, même si elle perd en puissance, cette chanson vous va plus directement droit au coeur et clôt en beauté cet album.
La version iTunes rajoute un bonus, Tiger, qui alterne couplets dépouillés autour de la voix de la chanteuse et refrains plus rythmés et soutenus de choeurs, mais ce n'est qu'un titre "parenthèse" qui n'apporte pas grand chose de plus à la version CD pour moi. Un meilleur bonus aurait été le très beau et lancinant Kill the boy qui figurait sur le single Heaven aux côtés de la démo Easier in bed. Je me dois d'ajouter que la belle Emeli Sandé, au look facilement reconnaissable avec son crane rasé sur les côtés contrastant avec son brushing platine sur le haut du crane, ne dédaigne pas les remixes plus dancefloor puisque Heaven comme Next to me bénéficient de bons remixes dance d'un de ses producteurs Mojam tandis que ce sont les remixeurs Cahill qui ont officié sur son duo avec Professor Green et que la plupart de ses singles sont aussi passé à la moulinette drum'n'bass/jungle pour un son plus underground qui ne me sied guère... Ultime preuve que flirter avec le son club du moment ne lui fait pas peur, c'est elle qui prit le micro pour David Guetta lors de sa prestation aux derniers NRJ Music Awards à Cannes pour une excellente interprétation du Titanium normalement interprété par Sia, mais qui, en studio, avait d'abord été enregistré avec Madame Mary J.Blige... Qui sait si, après ce premier album soul, elle ne choisira pas plus de sons club pour son second opus ? Qu'importe le chemin qu'elle prendra, cette jeune anglaise est une diva, de studio, de la soul, car diva au micro avant tout !