Depuis que l'info avait filtré l'année dernière, la sortie sur CD des sessions d'enregistrements de Kylie Minogue aux mythiques studios londoniens d'Abbey Road, sous la houlette de son directeur musical de tournée et producteur Steve Anderson, et avec le Royal Philarmonic Orchestra, était attendue par les fans de la belle australienne avec anticipation, d'autant que la rumeur d'un album de reprises façon jazz/swing avait déjà couru il y a quelques années de cela, après que son pote Robbie Williams ait publié son Swing when you're winning. Kylie nous avait de plus depuis longtemps habitué sur ses tournées à reprendre en version acoustique ou swinguante certains de ses vieux tubes, et c'était toujours un exercice où je l'adorais. Quoi de mieux en effet pour ré-apprécier ses bons vieux tubes pop que de les redécouvrir en version dépouillée faisant la part belle à la voix de son interprète et à la mélodie originale ? Son album The Abbey Road Sessions clôture donc cette année 2012 célébrant ses 25 ans de carrière, et qui a vu une mini-tournée de chansons méconnues la produire en Australie, un nouveau best of sortir, un single Time bomb sortir presque confidentiellement, et une box regroupant 25 de ses plus grands tubes s'offrir en édition limitée à prix d'or pour les ultra-fans (dont je ne fais cependant pas partie...).
L'album démarre par All the lovers, l'un de ses derniers tubes, et une timide guitare qui gratouille doucement comme pour inviter Kylie à prendre le micro. Ce titre à l'origine electro/pop de son dernier album Aphrodite se pare ici de nouveaux atours, somptueux et élégants façonnés de main de maître par Steve Anderson et Colin Elliot à la production, et ici de Cliff Masterson à la direction de l'orchestre, sans oublier Terry Ronald pour diriger des choeurs suaves et chauds. On se laisse glisser avec plaisir dans la volupté sensorielle qui émane des enceintes et on frissonne lorsque les arrangements se réduisent pour ne laisser place qu'à la seule voix sensuelle, extra-sensorielle même, de la belle. Mais lorsque les cordes reprennent de l'ampleur, on se sent emporté très haut dans le plaisir et on sent déjà que l'écoute de cet album va être un met délicat à savourer comme un délicieux chocolat que l'on laisserait fondre sur sa langue pour en prolonger le plaisir.
On a night like this enchaîne avec la même équipe, et ce titre de l'année 2000, pourtant très enlevé dans sa version originale produite par l'équipe de production METRO dirigée par Brian Rawlings, prend comme un nouvel élan, symphonique cette fois, qui continue l'envol extatique de nos tympans.
Better the devil you know calme le jeu puisque cet incontournable méga-tube de 1990 écrit par le trio de producteurs de ses débuts Stock Aitken & Waterman s'expose mis à nu en version piano/voix, juste épaulé par de beaux choeurs soyeux et une légère guitare par moment. Dans sa version originale sautillante, c'est je crois bien mon titre préféré de Kylie, ou en tout cas celui que je choisirais s'il ne fallait en garder qu'un, et dans cette version acoustique, toute dans l'émotion feutrée et contenue, elle se magnifie encore peut-être. Les détracteurs de l'usine à tubes que le trio et ses studios PWL peuvent aller se rhabiller : cette nouvelle version prouve s'il en était besoin que Mike Stock et ses acolytes avaient un sens de la mélodie incroyable !
Même version dépouillée, mais plus axée sur la guitare, pour un autre tube de l'époque, de 1989 même, fourni par le trio, Hand on your heart. Et c'est comme si la voix de Kylie, précise, mélancolique, nous faisait partager sa nostalgie d'une lointaine époque maintenant, mais qui lui a ouvert la voie pour la carrière qui s'est ensuite offerte à la petite star de série télé australienne qu'elle était lorsqu'elle débarqua à Londres pour enregistrer en moins d'une heure le titre qui allait faire d'elle la nouvelle coqueluche de la pop anglaise mais aussi européenne voire mondiale pendant de longues années. Hand on your heart avait déjà été repris en version pop/rock acoustique en 2006 par l'artiste anglais underground José Gonzales mais cette version n'en est pas pour autant une copie, loin de là !
Retour aux années 2000 pour une version ballade pas si différente de celle déjà offerte en concert du I believe in you, single inédit co-écrit par le leader des Scissor Sisters pour sa compilation Ultimate de 2004. Sauf que cette version s'appuie essentiellement sur la guitare acoustique et les choristes. Le piano accompagne seulement dans un deuxième temps. Qu'importe, la magie est là ! Et la voix de Kylie est comme depuis le début très mise en avant.
Simple duo piano/voix pour le titre suivant, Come into my world, titre de Cathy Dennis et Rob Davis de l'album Fever de 2001, et c'est éblouissant de simplicité, et d'intensité ! Alors que l'original était très produit, en bon et efficace single pop/dance teinté d'électro, là, cette version tout en légèreté garde son effet hypnotique, rien qu'avec ses voix, lead et de choeurs, et le martèlement du piano derrière : magique !!
Retour des cordes pour Finer feelings, un des derniers tubes des années 90 écrits par Stock Aitken & Waterman, et qui était déjà un mid-tempo moins synthétique dans son son, et qui avait été remixé par Steve Anderson (alors au sein de son duo Brothers In Rhythm avec le DJ Dave Seaman) pour sa version single. Je retrouve ici l'esprit original, mais avec 100% de vrais instruments, pas de synthés, un vrai batteur, des percus, et ces cordes et choeurs très présents qui donnent profondeur et ampleur au morceau.
L'enchaînement est parfait puisque c'est le premier tube post PWL Confide in me qui suit, et ce single de 1994 était le premier composé et produit par Steve Anderson pour Kylie. Là, aussi, cette version ne s'éloigne pas tant de la version originale, remplaçant juste les synthés et programmations originelles par de vrais instruments pour lui donner un relief différent. C'était déjà cette ambiance quasi orientale qui me gênait à l'époque et là, les percussions accentuent encore cette inspiration indienne.
Avec Slow, Kylie réussit là encore à recréer la moiteur et la langueur du titre original, de 2003 et de l'album Body language, en version organique. Et là où l'original était déjà très sexy, avec la voix ultra sensuelle de son interprète, ce son live des instruments, de la basse, de la batterie lourde et pesante pour rythmer le tout, cette version Abbey Road fait encore monter la température et l'on se croirait en plein revival flower power, années érotiques ou baba cool.
Nouveau virage temporel, Swingin' london cette fois, pour un The locomotion retro sixties qui retrouve son esprit Motown et nous donne envie de nous déhancher en rythme. Heureusement, à 2'34, on n'a pas le temps de perdre son souffle...
Et c'est avec son plus grand tube que Kylie enchaîne, j'ai nommé Can't get you out of my head, qui n'a pas perdu de son rythme dans cette version symphonique où les choeurs comme les cordes hachurent le celèbre "la la la la la la la la la" sur la toile harmonique de cette autre chanson de Cathy Dennis et de son compère d'écriture. C'est apparemment l'extrait choisi pour représenter l'album en radio mais je ne suis pas convaincu de son efficacité : et d'un, on connaît tellement la chanson dans sa version originale qu'il est difficile d'en imposer une nouvelle, et de deux, d'autres avaient plus d'atouts pour se faire redécouvrir du grand public, Better the devil you know en tête.
Where the wild roses grow suit, à nouveau comme sa version originale de 1995 en duo avec Nick Cave, qui a ré-enregistré sa partie pour l'occasion, et j'avoue ne pas trop voir la valeur ajoutée de cette version. L'original était déjà assez organique à mon goût et cette ballade sinistre plombe surtout l'ambiance ici, je trouve. Mais bon, il semble que c'est un favori parmi les fans... J'aurais préféré moi voir ici ré-interprété son autre duo méconnu, Bury me deep in love... A noter que c'est Steve Anderson himself qui les accompagne au piano, quand c'est ailleurs David Tench qui s'y colle...
Il garde les rênes sur un second titre, l'inédit uniquement interprété en concert jusque là et co-écrit par lui, Flower. Caressant et voluptueux, ce premier extrait promotionnel a ravi les fans mais était moins attrayant pour le grand public et les radios, sans doute. Les arrangements et l'orchestre philharmonique de Londres parent cette chanson magnifiquement et la font chatoyer comme un pur joyau caché dans son écrin noir et blanc.
Uniquement supportée par de doux arrangements de cordes, Kylie reprend enfin son incontournable I should be so lucky, et lui confère une intensité dans le doute et l'hésitation qu'elle n'avait pas abordé dans la version live déjà offerte par le passé, plus dans le style West End / Broadway. Mais je verrais bien une comédie musicale composé du répertoire de la belle australienne s'installer à Londres, surtout si le livret est composé des premiers tubes made in PWL.
C'est ensuite au tour de Love at first sight de s'offrir un lifting orchestral, pas le titre de Stock Aitken & Waterman de 1988, mais celui de 2001 extrait de Fever. Et ça lui va plutôt bien, d'autant que la chanson ne perd ni en rythme ni en légèreté. La voix de Kylie s'y fait toujours aussi sexy et plus que l'extrait précédent du même album, j'aurais plus apprécié ce choix-ci pour séduire les playlistes radiophoniques...
Et il est déjà temps de refermer le livre (version Deluxe) de ce bel album, mais il n'est jamais trop tard (lol) pour bien faire et c'est avec un nouveau tube des années 80 que Kylie nous dit au-revoir, avec un Never too late en piano/voix sublimissime qui nous touche jusqu'au plus profond de l'âme. Là encore, je ne peux qu'applaudir le talent de ses auteurs et rêve même de redécouvrir tout le répertoire de Stock Aitken & Waterman en version acoustique ainsi !
Heureux fans japonais qui peuvent profiter d'un dix-septième titre bonus pour prolonger le plaisir, et c'est le single de 2008 écrit par Calvin Harris, In my arms, qui s'offre une nouvelle version symphonique pour finir en beauté ces sessions aux studios Abbey Road. Cordes sirupeuses à souhait et violons presque tziganes pour une version capable de charmer même les serpents à n'en pas douter... J'aurais aimé qu'elle charme le boss de EMI pour lui faire une place sur l'édition française aussi !
Mais plus heureux encore les fans australiens qui profitent, eux, d'un dix-septième et ultime titre différent, Wow, extrait lui aussi de l'album X. Cette version fait la part belle aux voix, lead et choeurs, épaulées d'une guitare et de percus quasi tribales, et cette fois, on sent vraiment que c'est un ultime rappel, comme interprété en boeuf joyeux avant de se dire au-revoir. On est bien loin de l'électro/pop efficace et pétillante de la version originale qui m'avait séduit, mais n'était-ce pas là justement le propos ? Redécouvrir autrement ? Se laisser surprendre, aussi...
Et si ces Abbey Road Sessions sont superbes à écouter, elles le sont également à feuilleter, dans l'édition livre cartonné Deluxe que j'ai choisi d'acheter (dommage pour l'absence de titre bonus, par contre...), qui est un objet classieux et raffiné, distillant de très beaux clichés de Kylie Minogue et de son micro rétro. Ce CD a toute sa place sous le sapin de cette fin d'année 2012, même si l'on est pas fan absolue de son interprète : il suffira à donner une élégance à toute soirée, repas entre amis, qui s'étonneront de croire reconnaître une chanson mais pas vraiment...
comme il est trop injuste de n'avoir pas eu droit sur notre version deluxe aux titres bonus, pas même en téléchargement légal sur iTunes France, j'ai trouvé et partage ci-dessous les liens pour les écouter :
RépondreSupprimerIN MY ARMS
http://www1.zippyshare.com/v/12377228/file.html
WOW
http://www1.zippyshare.com/v/8077371/file.html
Une très belle critique qui dans son ensemble ne se veut pas trop éloignée de la mienne!
RépondreSupprimerConcernant ta critique sur le titre bonus de l'édition australienne, je ne l'ai pas lu voulant me garder la surprise lorsque je recevrai la version australienne que je me suis commandé.