Avec Elysium, leur onzième album studio, les Pet Shop Boys reviennent en ce début Septembre avec comme un air d'été indien pour nos enceintes. Je m'explique : leurs Champs Elysées en CD sonnent moins upbeat et plus solaires que leurs albums précédents. Moins de boum-boum donc, plus d'harmonies symphoniques et aussi beaucoup moins de titres forts pour remuer nos popotins, mais n'est-ce pas l'âge du duo qui déteint sur leur musique ? En effet, ils ont la cinquantaine passée tous les deux et Neil se rapproche même dangereusement de la soixantaine... Alors que je viens moi-même de passer le cap des 40, il me semble presque dans l'ordre des choses de découvrir sur cet album qu'ils ont calmé le rythme et retrouvé l'inspiration de leur magnifique Being boring de 1990. Ils l'ont en quelque sorte étalée (délayée?) sur douze plages de ce nouveau CD dont le titre fait référence à cet endroit des enfers mythologiques qui équivaudrait à la notion du paradis dans la croyance catholique. L'impression solaire qui se dégage de la musicalité de cet Elysium doit cependant également trouver son explication dans l'endroit qui a hébergé son enregistrement, la Californie, Hollywood principalement, et même si les titres avaient été écrits précédemment en Angleterre par le duo, le choix de l'ingénieur du son R&B "west-coast" Andrew Dawson pour produire avec eux ce premier opus "américain" se retrouve bel et bien dans la couleur du son de tout l'album qui, à l'image des vagues de la pochette, se retrouve souvent ensoleillé. Aucune influence rap/R&B par contre, ne prenez pas peur !
L'album démarre par son plus parfait représentant, et à ce titre, quoi de plus logique puisqu'il est également son deuxième extrait, le single officiel sortant début Octobre. Leaving est un mid-tempo mélancolique sur la perte de l'amour comme des êtres chers, écrit par Neil après le décès coup sur coup de ses parents, mais dont le refrain tourne en boucle et nous laisse malgré tout un sentiment de bien-être puisque, pour plagier les paroles, "les morts sont toujours vivants, dans nos mémoires et pensées". Ce titre très symphonique, mais à l'esprit lounge house je dirais, me paraît réellement être un nouveau Being boring qui ravira sans doute les fans sans pour autant devenir un hit dans les charts -mais ça fait longtemps que les singles des Pet Shop Boys sont boudés par les radios et le public non connaisseur-. Si, de premier abord, le titre paraît quand même un peu faible pour un single, c'est un grower, et après à peine 3 écoutes, son refrain entêtant vous reste scotché en tête et n'en sort plus... "I know enough's enough and you're leaving, You've had enough time to decide on your freedom but I can still find some hope to believe in love..."
2. Invisible 5:05
En seconde plage du CD, Invisible est un autre moment de douce plénitude mélancolique qui avait été choisie par le duo précédemment cette année pour être offerte en avant-goût de l'album en diffusion sur le net. Un peu plus de sons électroniques et pas d'orchestre pour ce second mid-tempo qui donne bien le rythme de l'album et parle encore une fois d'amour perdu mais cette fois par l'âge et les années qui passent et font que l'on devient invisible aux yeux des autres et de notre société atteinte de jeunisme, dans ses médias comme dans les mécaniques de la séduction. Il faut en effet y voir à la fois la narration de l'effet sur l'attrait sexuel que l'âge entraîne, nous rendant invisible aux yeux des autres car plus assez jeune pour séduire, tout comme celui du temps sur leur carrière qui continue sa route sans plus être remarquée et soutenue par les médias, et donc ne peut plus interpeller de nouveaux fans par sa quasi confidentialité.
3. Winner 3:50
La rythmique s'accélère quelque peu pour Winner, premier single officiel de l'album sorti durant les jeux olympiques de Londres, mais on reste dans le territoire du mid-tempo, même s'il est beaucoup plus optimiste musicalement parlant, comme un anthem calme et serein. Plus qu'une ode aux JO, ce titre est un hymne aux bienfaits de partager des valeurs dans une compétition et d'en recueillir les fruits même si l'on n'en est pas le gagnant, tout en sachant se souvenir d'où l'on vient et quel a été son parcours. Jacques Martin nous le disait bien quand j'étais petit : "tout le monde, il a gagné !" C'est un titre qui ne payait pas de mine quand je l'ai entendu la première fois mais là encore, après plusieurs écoutes, j'ai appris à l'aimer...
La rythmique s'accélère quelque peu pour Winner, premier single officiel de l'album sorti durant les jeux olympiques de Londres, mais on reste dans le territoire du mid-tempo, même s'il est beaucoup plus optimiste musicalement parlant, comme un anthem calme et serein. Plus qu'une ode aux JO, ce titre est un hymne aux bienfaits de partager des valeurs dans une compétition et d'en recueillir les fruits même si l'on n'en est pas le gagnant, tout en sachant se souvenir d'où l'on vient et quel a été son parcours. Jacques Martin nous le disait bien quand j'étais petit : "tout le monde, il a gagné !" C'est un titre qui ne payait pas de mine quand je l'ai entendu la première fois mais là encore, après plusieurs écoutes, j'ai appris à l'aimer...
4. Your early stuff 2:33
On reste dans le mid-tempo plus mélancolique et noir même avec cette courte chanson sur la perception que les gens ont de la célébrité avec le temps qui passe. Neil a apparemment utilisé des phrases que des chauffeurs de taxi par exemple lui ont dit croyant lui offrir un compliment. Face à des phrases comme "j'aimais ce que vous faisiez" ou "c'est quoi votre nom déjà?" le ressenti de la célébrité, et il s'agit bien de Neil ici que l'on se représente se prendre ces phrases en pleine face, est tout autre que celle de l'auteur (qui croit faire un compliment) et il s'aperçoit que sa carrière est plus derrière lui que devant dans l'esprit de son interlocuteur. Cette chanson douce-amère tourne un peu en rond avec son refrain répétitif et assez plat, bien utilisé finalement pour faire passer le message du sentiment reçu et mis en relief par les choeurs interrogatifs plus enjoués et positifs.
5. A face like that 5:07
A face like that démarre par une longue intro instrumentale et technoïde, résolument upbeat et retro finalement dans l'inspiration PetShopBoys-ienne, ce qui me fait penser qu'il s'agit d'un titre dominé par l'inspiration de Chris, même si, à partir de 1'40, Neil reprend les rennes et le micro, et que la party song redevient juste une chanson, rythmée, enlevée comme je les aime dans ma discography made in PSB. Le thème des paroles développe ici l'impact de la beauté physique de quelqu'un, même si c'est celle du visage qui est utilisée, sur ceux qui l'entourent, mais j'y vois bien sûr plus une raillerie du culte de la beauté de notre société d'aujourd'hui. En première lecture pourtant, pas d'acidité dans le texte, mais c'est dans l'interprétation que je lis le détachement de Neil par rapport à ce qu'il chante, d'autant plus que lui-même, avec les ans, s'éloigne de plus en plus de cet éblouissante beauté maîtresse du monde.
6. Breathing space 5:10
Le tempo retombe aussi vite qu'il s'était accéléré avec cette plage de fin de première moitié d'album, à nouveau mélancolique et quasi dépressive. Les guitares sont omniprésentes et me rappellent l'atmosphère de l'album Release, mature et pop/rock. Breathing space semble être un cri du coeur de Neil cherchant une issue à la spirale infernale de nos vies d'aujourd'hui, ou est-ce le star système? Le gimmick du titre, l'interrogation de fin de refrain "I gotta get out", le représente bien et même si ce n'est pas mon style de titre PSBien par excellence, je l'aime bien. Je l'imagine presque avoir été écrit pour leur ami star Robbie Williams ; c'est plus son style, je trouve !
7. Ego music 3:05
Ego music redémarre sur les chapeaux de roues, avec un titre cynique et parodique qui se termine en queue de poisson. Avec son refrain répétitif et pas vraiment mélodieux, alterné avec des couplets parlés sur fond de musique synthétique et de bruits dissonants, ce titre parodie apparemment ces stars de la chanson d'aujourd'hui qui se racontent en chanson, couchant sur les notes les pages de leur journal intime. Neil semble n'y voir qu'une adoration d'eux-mêmes. Mais ne faut-il pas être égocentrique pour devenir une star ? Toujours est-il que cette chanson m'insupporte plus qu'elle me séduit... Musicalement, c'est une scie ...alors c'est aussi bien qu'elle ne dure pas longtemps !
8. Hold on 3:20
Le titre qui la suit ne peut plus radicalement être différent ! En effet, Hold on sonne comme un hymne paroissial, tant est si bien que plusieurs voix se substituent à celle de Neil pour en chanter un couplet comme dans une église. Ce titre semble unilatéralement positif, optimiste, et je n'y reconnais pas mes cyniques Pet Shop Boys... à moins que ce ne soit là encore un pastiche à travers lequel il faudrait voir l'hymne caché du duo contre cette société et ces religions qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes en nous promettant que tout ira mieux. Dans l'accumulation des choses qui vont mal chantées par Neil, opposée à la positivité chantée par les choristes, c'est ce que j'aime à y lire. Mais du coup, musicalement, cette parodie n'est finalement que premier degré et l'effet orgue d'église me barbe un peu, tout en rajoutant une couche niveau grandiloquence et effet pompeux. Il faut dire que le duo s'est inspiré d'un air de Handel pour construire leur mélodie autour... Cela fait deux titres en suivant qui se font barbants au bout du compte...
9. Give it a go 3:53
Heureusement, Give it a go, avec son petit air rétro que l'on se verrait bien siffloter, vient remettre un peu de finesse dans cette bonne humeur quelque peu surjouée. Neil joue ici la cible potentielle d'un amour cherchant mieux mais qui pourrait toujours se tenter faute de mieux, et qui sait? Réelle chanson d'amour optimiste et volontariste, ce nouveau titre plus pop/rock que dance cette fois m'emmène avec eux et, après un petit air d'accordéon même, se termine comme il a commencé, par cette hypnotique suggestion qui titre la chanson : "give it a go, give it a go".
10. Memory of the future 4:32
Les synthés reprennent leur place avec ce titre qui, si son titre justement n'avait pas été juste une phrase du premier couplet, aurait pu me sembler destiné à devenir un single. En effet, plus que Memory of the future, c'est la phrase clef du refrain "It's taken me all of my life to find you" que l'on retient, ou encore celle de fin de couplet "over and over again". En fait, cette chanson met en avant comme titre l'idée déterministe sans doute qu'elle développe, à savoir que certaines choses sont inévitables, semblent gravées dans la pierre et devant se produire, arriver de cause à effet, et ce, mis en relief dans une histoire d'amour où Neil chante avoir du attendre toute sa vie pour trouver (l'amour, un partenaire?) alors qu'il l'avait déjà, avec sans cesse cette impression de déjà vu, "I keep tasting that sweet madeleine" faisant référence au roman de Proust. Si ce titre, au premier abord, sonne bien pop rentre-dedans, son texte est bel et bien un chateau de cartes philosophique et hautement référencé comme Neil a l'habitude d'en construire, mais il n'en demeure pas moins que c'est une superbe chanson pop/dance que je vais écouter en boucle. Sera single ou pas ? Le temps le dira.
11. Everything means something 4:50
Même si l'ambiance reste synthétique, bye bye l'orchestre symphonique pour ce deuxième titre en suivant, le tempo se ralentit pour ce quasi sinistre Everything means something. Les couplets le sont en tout cas, mélodiquement dogmatiques et semblant d'après le texte représenter l'opinion d'un autre que Neil, mais ils s'opposent avec le refrain plus léger et enlevé, mais ça ne suffit pas à rendre la chanson attrayante... Ça sent la fin d'album !
12. Requiem in denim and leopardskin 5:49
Rien qu'en lisant le titre de l'ultime plage du CD, je savais que j'allais avoir à faire à une fantaisie kitsch et grandiloquente comme les Pet Shop Boys savent en faire. Si l'intro m'a fait peur, la suite m'a rassuré : on retrouve l'atmosphère du début d'album, lounge et ensoleillée, mélant sonorités disco et jazzy sur fond d'orchestre symphonique pour former un requiem pailleté supposément joué aux funérailles de l'artiste Lynne Easton, ayant maquillé toutes les célébrités du rock Londonien dans les années 80 et 90. On retrouve dans les paroles moultes allusions aux stars avec lesquelles elle a travaillé (Malcolm McLaren, Johnny Rotten, etc.) et qui viendraient lui rendre un ultime hommage "en jeans et tenue léopard". Ce titre me rappelle la sublime face B My funny uncle mais en version sous ecsta... C'est une bien belle façon de terminer l'album et donne idéalement envie de recommencer sa lecture avec Leaving.
Ce n'est cependant pas, vous l'avez constaté sur certaines plages, un album qui me ravit de bout en bout. De manière générale, son tempo est trop mou pour que je l'écoute en forte rotation, et certains titres auraient dû être relégués au status de face B pour faire place à des titres plus uptempos qui auraient relevé le niveau et augmenté son potentiel de singles. En effet, après Leaving, à part Memory of the future qui sonne bien comme ce que l'on attend d'eux, ou Give it a go et Breathing space qui ont un certain potentiel plus grand public pop/rock, je ne vois pas... Mais ils vendent plus d'albums que de singles maintenant, puisque seuls les fans suivent encore leurs sorties, alors je crois que ce n'était pas leur propos.
Par contre, j'espère que Leaving et son successeur potentiel dans l'exploitation de l'album bénéficieront encore de faces B inédites et qualitatives comme Winner nous a offert. En effet, ce dernier, outre un EP de remixes, est sorti accompagné de 3 chansons inédites en format single et j'avoue les avoir accolées à l'album sur mon lecteur iPod...
13. The way through the woods 5:42
Bonus de l'album japonais en version courte (2:16), The way through the woods figure en version longue sur le single Winner et on sent un peu le délayage en effet, avec une longue intro. Ce titre est un lent mid-tempo symphonique qui est en fait une mise en musique du poème du même nom de Kipling, produit comme tout l'album par Andrew Dawson avec le duo. La version longue, par contre, a été revue et corrigée allongée par les Pet Shop Boys à partir de l'original et sans avoir entendu celui-ci, je devine que la deuxième partie du morceau, juste après les halètements de Neil, plus électro, est ce qui a été rajouté ; on y devine aisément la patte de Chris Lowe.
14. A certain "Je ne sais quoi" 4:58
Je le fais suivre par le titre qui le précédait sur l'EP, A certain "Je ne sais quoi" qui commence au quart de tour par un sublime compte à rebours inversé ("Un, deux, trois, quatre) entonné par Neil en français dans le texte et par une rythmique digne du meilleur de l'époque Very/Brothers in Rhythm. Pourquoi donc cette merveille n'a-t-elle pas été placée sur l'album bon sang ? Bon, bien sûr, elle aurait eu du mal à trouver sa place au milieu des mid-tempos mais au moins, ça aurait donné un peu plus de BPM à la moyenne du CD. Ce titre finalement plus tubesque que le single qu'il supporte aurait apporté aussi un peu de légèreté puisqu'il ne faut voir dans ce titre très tongue-in-cheek que de l'amusement et de la bonne humeur camp & sexy, Neil déclarant sa flamme à un interlocuteur qui "le fait mieux que personne" et promène son sex-appeal de par le monde.
15. I started a joke 3:19
Toujours issu de l'EP single de Winner, cette reprise des Bee Gees, inimitablement interprétée par Neil de sa voix de tête qui n'a rien à voir avec celles de ses interprètes originaux. On retrouve à l'enregistrement et aux claviers de ces deux bonuses l'équipe habituelle de studio des Pet Shop Boys depuis maintenant au moins vingt ans, à savoir Pete Gleadall à la programmation et aux consoles, et Bob Kraushaar au mixage. Vu le résultat, le duo aurait pu rester en petit comité pour produire une moitié de l'album à la maison, et ne garder que le meilleur du son californien et de son orchestre...
Je sais bien que j'ai l'air déçu, mais après le vivifiant et presque juvénile Yes en 2009, j'espérais plus de ce cru 2012. Enfin, plus de BPM en tout cas, parce que cet Elysium contient son quotas de joyaux et pépites, sauf qu'il n'y en a guère au rayon des uptempos et, on ne me refera pas maintenant, moi, j'aime quand ça bouge ! Mais bon, les fans ne pourront s'empêcher d'aimer quand même même si je doute que le nombre de lectures explose le score sur iTunes...
Je sais bien que j'ai l'air déçu, mais après le vivifiant et presque juvénile Yes en 2009, j'espérais plus de ce cru 2012. Enfin, plus de BPM en tout cas, parce que cet Elysium contient son quotas de joyaux et pépites, sauf qu'il n'y en a guère au rayon des uptempos et, on ne me refera pas maintenant, moi, j'aime quand ça bouge ! Mais bon, les fans ne pourront s'empêcher d'aimer quand même même si je doute que le nombre de lectures explose le score sur iTunes...
A noter enfin que pour une fois, je ne me suis pas jeté sur la version collector 2CD, dont la pochette se décorait de nuages à la place de vaguelettes, le second CD n'offrant que les versions instrumentales des 12 plages du premier CD, et moi, les chansons sans paroles... très peu pour moi !
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