
J'avais changé d'avis déjà sur ces baby rockeurs avec leur troisième album, Long courrier, qui se parait de synthés et abandonnait le son rock énervé pour ados de leurs débuts. Mais là, accompagné de la voix de sa petite amie Ella Waldmann sans jouer pour autant de sa plastique (elle se devine à peine sur la pochette...et n'est créditée que comme "voix féminine"), Adrien Gallo se la joue dandy bobo, distillant une pop sucrée matinée de new wave à la française, époque Jacno/Elli, Daho/Lio, et même Gainsbourg/Birkin, d'une voix nonchalante qui lui va à ravir.
Entièrement écrit et composé par lui, l'album, qu'il a aussi co-réalisé, commence par un Mea culpa enjoleur et ensoleillé où l'on entend très présents des choeurs réminiscents de la grande époque Joniece Jamison/Carole Fredericks/Yvonne Jones, même si là ils appartiennent à Tanya Michelle Smith, Kania Allard et Crystal Petit d'après les notes de la pochette. Voir la mer commence par une intro qui rejoue quasiment La fièvre dans le sang avant de s'en détourner et décliner des couplets moites et suaves de jeux de mots habiles autour de Casablanca que la voix fraîche et ingénue d'Ella Waldmann tranche sur le refrain. Comme son prédécesseur, le titre s'arrête net et aurait bien mérité plus de longueur...

Déserteur continue dans l'inspiration sexy et se verrait bien troisième extrait tant il réussit à habiller de paroles classieuses (et très réussies) et à faire paraître romantique une chanson sur l'apologie du gougeat qui tire son coup et s'en va ;). Mine de rien, Adrien se costume en séducteur et ça fonctionne plutôt bien. Cornet glacé voit Adrien et Ella chanter de concert sur une musique sucrée très légère et très rétro. On se croirait presque revenu au temps des gendarmes à St Tropez et accompagner la fille de l'adjudant Cruchot draguer sur les paillottes de la plage ensoleillée.

Alors qu'Oslo nous en privait, Beaurepaire nous offre la voix d'Ella en solo sur la première moitié de la chanson, et elle sonne bien là comme une égérie qui aurait pu inspirer le grand Serge. Mais ce titre en duo donc est un peu trop calme, glacial même comparé aux moments chauds passés. Copacabana aurait dû y remédier sauf qu'il reste dans une ambiance doucereuse qui se réveille à peine à la fin, où la voix d'Adrien ose même monter haut dans les aigus.
C'était pour mieux nous préparer à l'apothéose de fin. Avalanches d'abord démarre à fond les cordes, amples et soyeuses, avant qu'Adrien sur fond de piano ne se la joue séducteur à nouveau. Ella s'occupe du refrain mais ça ne prend plus comme au début. Es-ce que je m'habitue ? L'album se termine par un Atlas qui s'étire en longueur (4'40 ! quand avant aucune chanson ne dépassait les 4') mais renoue avec la belle inspiration, tant au niveau des textes, jeux de mots, et de la musique, symphonique, grandiose, moins pop mais plus prenante encore.
Au final, c'est un album qui s'écoute du début jusqu'à la fin, comme un voyage onirique vers nos souvenirs et nos désirs à deux. Difficile d'y voir autant de titres radiophonique que de plages que comporte le CD, mais un peu comme la Chaleur humaine de Christine & The Queens a réussit à le faire, c'est un album qui s'apprécie au fur et à mesure et auquel on devient addict, à force.
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